Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

« Les cambrioleurs à la recherche d'efficacité... »

Francis Serrano, directeur marketing et développement stratégique de Securitas Alert Services, explique comment ses centres de télésurveillance sont confrontés régulièrement à l'attaque de sites hautement protégés. Il nous livre quelques exemples rencontrés.

Info.expoprotection.com : Quel rôle assure Securitas Alert Services dans la lutte contre la malveillance ?

Francis Serrano : « Securitas Alert Service est la filiale télésurveillance du groupe Securitas. Notre première mission est d’intervenir en tant qu’opérateur privé de télésurveillance. C’est-à-dire que nous réceptionnons les informations et images de nos clients, les traitons et les analysons. S’il semble y avoir un risque et après levée du doute, les données sont envoyées aux forces de l’ordre de sorte que les autorités puissent intervenir au plus vite. De plus, grâce à notre réseau national d’installateurs, nous conseillons nos clients et nous nous évertuons à trouver le concept sécurité le plus adapté à leurs besoins. »

 

Info.expoprotection.com  : Vous êtes chargé de prévenir les éventuelles menaces. Existe-t-il des schémas que les criminels reproduisent ?

Francis Serrano : « Selon la hiérarchie de criminalité, les comportements varient sensiblement du novice au professionnel. Ces derniers sont capables d’effectuer des missions de repérages dignes de véritables organismes de renseignement. A commencer par l’observation des lieux (barrières, grillages…), des systèmes de surveillance (agents, dispositifs électroniques, systèmes d’alarmes) mais aussi des failles humaines : les grands malfaiteurs savent épier les habitudes, les allées et venues du personnel. A l’inverse, les novices ont plutôt tendance à passer au casse par impulsion, sans même préméditer leur acte. Dans ce cas, ces débutants du hold-up n’effectuent aucun repérage, s’automotivent en bande, agissent sous l’effet de substances et se font piéger assez facilement. Certains oublient même de cacher leur visage, c’est pour dire ! »

 

Info.expoprotection.com : Si différents soient-ils, êtes-vous en mesure d’anticiper les actes des criminels et d’installer au préalable des dispositifs de dissuasion ?

Francis Serrano  : « Il faut savoir que tout criminel est bien plus efficace dans ses manœuvres s’il se sent en sécurité : ses gestes sont plus précis et assurés, il réfléchit plus vite, il fait bien attention à protéger son identité… En réaction à cela, nous estimons que la mise en scène sur un site et l’ambiance qui s’en dégagera constitueront un point décisif pour la stratégie de dissuasion que nous sommes chargés d’élaborer grâce à nos installateurs qui conseillent le client. Grillages, caméras, projecteurs, panneaux signalétiques de mises en gardes, tous les moyens sont bons afin d’instaurer une atmosphère sécurisante pour le client et déstabilisante pour le malfaiteur. Ainsi le criminel se sentira-t-il en danger, mal à l’aise et donc plus maladroit. Dans d’autres cas, nous allons plutôt miser sur l’effet de surprise. Si, par exemple, nous avons à intervenir sur un site industriel isolé et peu lumineux, nous préférerons poser sur le périmètre extérieur des caméras discrètes et dites intelligentes infrarouges (SVI) mais aussi des détecteurs de mouvements, d’approche et d’hyperfréquence. De cette manière, l’intrus ne sachant pas qu’il a déjà été détecté, va se trahir en parlant à ses complices. Ou bien parfois en avançant à visage découvert. Lorsqu’il aura atteint un certain seuil d’intrusion dans le périmètre que nous aurons défini au préalable, nous pouvons alors utiliser les moyens mis en place pour dissuader, ralentir, voire éviter l’effraction. Le complément, avec des rondes aléatoires de nos agents rondiers, contribue à prévenir le risque de malveillance. »

 

Info.expoprotection.com  : Quelles sont les casses les plus mémorables auxquels vous avez été confronté ?

Francis Serrano : « Tout d’abord, il faut savoir qu’il y a souvent de la surenchère dans le cambriolage. D’autant que certains malfaiteurs qui passent à l’action sont parfois armés. Dans ces cas-là, les forces de l’ordre vous confieront qu’elles préfèrent gérer une situation avec des « professionnels » qui connaissent les conséquences de leurs actes mieux que des malfaiteurs opportunistes, cédant plus facilement à la panique. Ensuite, j’ai pu remarquer que les malfaiteurs n’hésitent pas à employer des dispositifs spectaculaires. Parmi les plus impressionnants, comptons l’arrachage de distributeurs automatiques de billets (DAB). Nous avons de nombreux exemples dans la presse ces dernières semaines. Parmi les modes opératoires, les malfaiteurs se procurent une voiture (qu’ils volent en général) et l’envoient se fracasser contre le DAB qui explose. Ils peuvent aussi voler un engin de chantier qui va tout bonnement arracher le distributeur de son encastrement. Il y a quelques années, nous avons eu une attaque dans un magasin en banlieue parisienne. Plusieurs véhicules avaient entièrement détruit le mur latéral. Les malfaiteurs étaient armés et œuvraient à l’arrachage d’un coffre-fort. Nos opérateurs en télésurveillance ont immédiatement prévenu la gendarmerie. »

 

© Ségolène Haehnsen / Agence TCA

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