Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

Le Workwear s'inspire du prêt-à-porter mais n'oublie pas ses racines techniques

Doté de fibres souples et des coupes modernes, le vêtement de travail s'adonne à la mode urbaine et décontractée. Véhiculant néanmoins l'image de marque de l'entreprise, le workwear tient à conserver ses spécificités techniques et ergonomiques.

On a l’habitude que les flashs des photographes de la presse internationale crépitent lors des défilés de haute-couture des Jean-Paul Gaultier, Sonia Rykiel et autres Olivier Lapidus. Deux fois par an, pour les saisons automne-hiver et printemps-été, Paris accueille même la Fashion Week. Cette culture, ainsi que les magazines de mode, influence à son tour le monde du vêtement professionnel. En témoigne le slogan du fabricant Modyf.frqui possède un site de vente en ligne : travailler avec style. « Certes, les clients veulent du confort mais ils veulent aussi du style, constate Véronique Funfchilling, responsable de communication. Le workwear est de plus en plus associé à la mode avec des gammes d’été assorties de modèles bermuda qu’on ne voyait pas auparavant. On nous demande aussi du slim stretch et des nouveautés. » Dernière tendance, une demande forte pour renouvellement plus souvent les collections. Clairement inspirée par le rythme classique du prêt à porter.
La raison ?« Aujourd’hui, de plus en plus d’artisans sont prêt à payer un peu plus cher que l’entrée de gamme pour avoir un vêtement design qui donne une image moderne de leur activité », observe Laurent Corbé, gérant d’Abisco, un site de vente de vêtements de travail qui distribue les marques scandinaves Blaklader et Arbesco. De même, les salariés refusent les vêtements de travail qui les enferment dans une représentation d’eux-mêmes trop laborieuse, trop Corporate(liée à l’image de marque de l’entreprise). « Les gens qui portent ces vêtement n’ont plus envie de ressembler à des travailleurs, observe Marie Blanchard, directrice marketing de Kwintet qui fabrique, entre autres, des jeans de travail et des sweat-shirts à capuche. Dans le secteur de la santé, la blouse classique est devenue plus féminine avec des découpes qui soulignent mieux la silhouette. Les modèles s’inspirent clairement des tendances de la mode. »

Sportswear et streetwear. Grâce aux innovations développées dans le milieu de la compétition, les fabricants ont réussi à allier des coupes ergonomiques et des tissus techniques pour améliorer le confort de leurs pièces à partir d’un tissu naturel, le Tencel. Composé de la pulpe d’eucalyptus, ce matériau biodégradable laisse respirer les vêtements, tout en les dotant de looks séduisants. Déjà, les membranes type gore tex ont séduit les vestiaires pros et la fibre polaire conçue pour la haute montagne est présente partout. Du coup, le workwear a beaucoup puisé dans les technologies du sportswear. « La mode du ski et ses patronages préformés ouvrent la voie à des tenues qui n’entravent pas les mouvements, explique Marie Blanchard de Kwintet. Et des pistes comme les coutures soudées pourraient améliorer la résistance des tenues, sans en réduire la souplesse. »
De son côté, le français Kiplay, basée à Saint-Pierre-d’Entremont (Orne), est sur la même longueur d’ondes. Avec sa gamme Softshell il confère au workwear un look délibérément décontracté et urbain. Proposées en noir ou en gris, ses vestes de mi-saison et d’hiver bénéficient de découpes cintrées egt d’une capuche du meilleur effet. Côté confort, elles comportent une couche extérieure flexible en polyester couplé à de l’élasthanne laminé et d’une couche intérieure en laine polaire. Résultat, ces modèles se montrent à la fois coupe-vent et respirants. En outre, les propriétés déperlantes du tissu protègent le porteur d’une pluie temporaire mais ne permettent pas cependant une imperméabilité radicale. De quoi séduire artisans, agents ou maçons qui ne nécessitent pas un niveau de protection élevée. « Aujourd’hui la clientèle de ces secteurs souhaite diffuser une image plus décontractée et plus sportive », précise Marc Pradal, PDG de Kiplay qui a réalisé 9 millions de chiffre d’affaires en 2013 et emploie 42 salariés.

Le Graal de l’ergonomie. Outre le look et le confort, l’ergonomie reste une valeur sûre. Mais comment faire ? Le fabricant Lafont recourt à des enquêtes qui comportent les préconisations de médecins du travail, d’ergonomes et de designers. Grâce à cette collaboration est née en début d’année une nouvelle gamme de blousons et pantalons regroupés sous l’appellation Ergo Touch, en signe de leur caractère ergonomique. « En effet, ces workwears sont conçus pour épouser les mouvements du corps, apporter confort et bien être, quelle que soit la posture de leur utilisateur », indique Séverine Faudon, chargée de communication chez Lafont, filiale française du groupe Kwintet, leader européen du vêtement de travail. La gamme Ergo Touch est confectionnée dans le tissu français en coton majoritaire, Ripstop, utilisé à l’origine dans le secteur militaire. Ce textile confère aux pantalons et blousons à la fois la légèreté et la résistance.
Disponibles en gris ombre, bleu encre et bleu indigo, ces vêtements se caractérisent aussi par des équipements et accessoires destinés à soulager les postures douloureuses. A l’instar de ces mousses de genoux ergonomiques et à mémoire de formes intégrées dans les pantalons ! Ces vêtements se distinguent aussi par leur rehausse dos. Ce qui évite d’attraper froid en position accroupie. Idem d’ailleurs pour les blousons qui disposent pour leur part d’un  »bas dos » dépassant. La gamme se compose également de chaussettes en laine mérinos ainsi que d’un t-shirt sans couture. Autant d’astuces qui séduiront les artisans, techniciens de maintenance ou les travailleurs dans le secteur de l’industrie, habitués à réaliser des gestes répétitifs ou à travailler dans des postures contraintes.

La gamme de vêtements Ergo Touch
de Lafont épouse les mouvements du corps.
© LAFONT - Gil LOMBARD.
La gamme de vêtements Ergo Touch
de Lafont épouse les mouvements du corps.
© LAFONT – Gil LOMBARD.

Vêtements multi-risques. Malgré les sirènes de la mode, le workwear doit malgré tout remplir des fonctions techniques dans certains cas. Le fabricant français Cepovett en sait quelque chose. Ayant démarré l’année à partir d’un tissu naturel, le Tencel. Composé de la pulpe d’eucalyptus, ce matériau biodégradable progresse à un train d’enfer avec la signature d’un contrat de 30 millions d’euros avec la SNCF, il contribue au renouvellement des tenues de travail et de protection des 40.000 agents techniques du groupe ferroviaire. Destinées aux différents métiers (infrastructures, matériels roulants, fret et voyage), ces workwears vont répondre aux risques induits par ces activités. Ils offriront non seulement une protection contre la flamme ainsi que les risques chimiques. Mais aussi la haute-visibilité tant pour les tâches de nettoyage à bord des trains que pour les travaux des cheminots sur le bord des voies.
La couleur orange ‘‘haute visibilité’’ sera mise au cœur de la collection et généralisée à l’ensemble des métiers techniques. « C’est une première historique de réaliser une collection unique, cohérente et multirisques pour l’ensemble des personnels techniques de la SNCF », précise, dans un communiqué, Gaël Vanneuville, directeur général de Cepovett qui collabore depuis plus de 20 ans avec l’opérateur ferroviaire. Créateur d’image depuis 1948, le groupe Cepovett est constitué de plusieurs PME françaises qui rassemblent 250 emplois. Chaque année, près d’un million de personnes sont habillées par ses soins dans une centaine de pays pour un chiffre d’affaires de près de 100 millions d’euros. En ce qui concerne le contrat avec la SNCF, les tissus techniques sont majoritairement ‘‘made in France’’, mais la confection et l’assemblage seront réalisés dans des sites de production sécurisés qui se situent au Maghreb.

Eliane Kan, Florence Pinaud, Erick Haehnsen et Florian Kuan

Bosch lance sa première veste chauffante
Le marché des vêtements de travail a vu débarquer cette année un nouvel acteur. Il s’agit en l’occurrence de l’industriel Bosch, encore aujourd’hui plus connu pour ses outils électroportatifs que pour ses vêtements. « Nous avons entrepris de tester cette année sous notre marque une petite gamme de vestes,polos et pantalons dotés de renforts aux genoux, destinée aux artisans », indique Grégory Toy, responsable marketing de la gamme professionnelle chez Bosch Outillage Electroportatif.
Le groupe allemand vient d’ailleurs de lancer en France sa première veste chauffante destinée aux artisans professionnels travaillant sur les chantiers. Conçu dans un tissu soft-shell à trois couches, ce vêtement de travail est imperméable et plutôt léger puisqu’il pèse à peine plus d’un kilo, en dehors de sa batterie amovible de 10,8 Volts. 3 minutes lui suffisent pour procurer une agréable chaleur qui est réglable sur trois positions. La batterie amovible se connecte via un support aux coussins chauffants réalisés en fibre de carbone et qui sont cousus au niveau du dos et des épaules. Cette veste comporte 5 poches pour ranger ses plans de construction, indications de montage mais aussi pour recharger un smartphone ou un lecteur Mp3 grâce à une prise USB que l’on connecte à la batterie ! Cette dernière peut d’ailleurs être utilisée indépendamment de la veste pour recharger un des outils électro-portatifs du fabricant.

3 minutes suffisent pour réchauffer
cette veste comportant des coussins
en fibre de carbone. © Bosch
3 minutes suffisent pour réchauffer
cette veste comportant des coussins
en fibre de carbone. © Bosch

Cepovett donne une seconde vie aux workwears usagés
Fruit d’un partenariat entre Cepovett et Sita Recyclage, filiale du groupe Suez Environnement, le recyclage des tenues de travail usagées trouve du neuf dans du vieux. A cet égard, un dispositif de borne de collecte de vêtement de travail a été installé dans les aéroports de Roissy et d’Orly en février 2014. Destinées à recueillir les uniformes usagés du personnel navigant et sol d’Air France, les bornes ont déjà collecté près de 10 tonnes de vêtements en 2 mois. Ces récupérations sont actuellement utilisées pour la fabrication d’isolants. « Nous proposons également aussi d’autres solutions de revalorisation textile en accessoires utiles, notamment avec la créatrice de mode Sakina M’Sa » précise Marc Jacouton, directeur marketing de Cepovett, basée à Villefranche-sur-Saone-Tarare (Rhône) qui a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de 110 millions d’euros.

Mulliez-Flory concilie innovation et écologie
Basé dans le bassin textile choletais en Maine-et-Loire, Mulliez-Flory (56 millions de chiffre d’affaires en 2013, 240 salariés) a confectionné des nouveaux modèles à partir d’un tissu naturel, le Tencel. Composé de pulpe d’eucalyptus, ce matériau biodégradable offre une grande douceur de port. A cet égard, les propriétés absorbantes de la fibre évacuent la transpiration de son utilisateur. D’où un certain gain en confort. « Écologique et sans additif de produits chimiques, l’utilisation du Tencel nous rend cohérents avec notre politique environnementale », ajoute Jacques Gindre PDG du groupe Mulliez-Flory. A cela s’ajoute de nouveaux modèles à base de chanvre qui est considéré plus doux, plus chaud et plus absorbant que le coton. Cependant ces matériaux écologiques engendrent des prix d’offre 10% à 15% plus chers. Actuellement, l’administration publique est plus intéressée que le secteur privé.

 

Mulliez-Flory utilise un composé
de pulpe d'eucalyptus pour certains
workwear. © Mulliez-Flory
Mulliez-Flory utilise un composé
de pulpe d’eucalyptus pour certains
workwear. © Mulliez-Flory

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