Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

Le nombre de demandeurs d’emploi handicapés explose

L’Igas tire la sonnette d’alarme : un à deux millions de salariés du secteur privé pourraient perdre leur emploi en raison d’une maladie ou d’un handicap, dans les années à venir. Si une partie d’entre eux réussira à obtenir la reconnaissance de travailleur handicapé, les défis devraient sérieusement augmenter pour Pôle Emploi…

Intensification du travail, stress, troubles musculo-squelettiques, postures pénibles, port de charges lourdes, cadences élevées… Alors que les conditions de travail se dégradent au sein des entreprises qui veulent faire face à la concurrence au risque de sacrifier la santé de leurs salariés, le nombre de personnes qui contractent un handicap explose. Les chiffres sont catégoriques. Ainsi un rapport réalisé par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) répertorie-t-il plus de 500.000 travailleurs handicapés depuis septembre 2017. Pis encore, cette population ne fera que croître au fil des années si la situation de la sécurité et de la santé au travail (SST) ne s’améliore pas.

Un à deux millions de salariés menacés à terme de désinsertion professionnelle
75% de ces travailleurs handicapés souffrent de pathologies ostéo-articulaires, de troubles mentaux et du comportement. Conséquence, « entre un et deux millions de salariés sont menacés à court moyen-terme par un risque de désinsertion professionnelle », juge l’Igas. Ce qui signifie que 5% à 10% des salariés du secteur privé pourraient perdre leur emploi. Et ce, en raison de l’affaiblissement de leurs capacités pouvant donner lieu à une maladie ou à un handicap. Alors qu’une partie d’entre eux réussira à décrocher la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), en parallèle, le nombre des demandeurs d’emploi en situation de handicap devrait donner du fil à retordre à Pôle Emploi.

Un actif sur trois a au moins 50 ans 
« Le nombre d’actifs dont le maintien en emploi est menacé en raison d’une maladie ou d’un handicap est appelé à croître », affirme le rapport. Et ce, en raison du vieillissement de la population française. En effet, les salariés d’au moins 50 ans représentent désormais 33% de la population active. À cela s’ajoute le recul du seuil de la retraite, ce qui force les employés à travailler plus longtemps, et donc à figurer plus longtemps sur le marché de l’emploi. Sachant qu’avec l’âge, le risque d’une maladie ou d’un handicap ne fait qu’augmenter… 

La difficile obtention de la RQTH 
Seule solution : les aides à l’aménagement des situations de travail et à la compensation du handicap (Agefiph). Il s’agit des principaux financements mobilisables pour le maintien en emploi. Or il est aujourd’hui extrêmement difficile pour les salariés de bénéficier de la reconnaissance de leur handicap. Pour faire valoir leurs droits, ils doivent d’une part, être reconnus par les Maisons départementales des personnes handicapées. De l’autre, entrer dans les critères de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH).

Redéfinir l’obtention de la RQTH 
Compte tenu des difficultés pour obtenir de tel financement, l’Igas envisage deux possibilités. Première alternative, rendre plus restrictive la définition des publics relevant de la RQTH. Et pour ceux qui n’ont pas réussi à faire reconnaître leur maladie comme un handicap, il s’agirait d’établir des services de financement et de maintien dans l’emploi équivalent à ceux de l’Agefiph, dans le cadre de l’Assurance-Maladie et de l’assurance accidents du travail et maladies professionnelles. Autre possibilité, beaucoup plus radicale, le rapport propose d’accorder automatiquement la RQTH à tous les salariés inaptes. Pour cela, il suffirait qu’un médecin du travail demande un aménagement durable du poste de travail ou émette simplement un avis d’inaptitude.

Ségolène Kahn

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