Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

L'adhésion des salariés et des managers pour une culture de la prévention durable

Pour inscrire dans le temps la démarche de réduction des accidents du travail, il est essentiel de co-construire une culture de la prévention avec l'ensemble des personnes présentes dans l'organisation. A charge pour le préventeur de sensibiliser la direction et les managers pour qu'ils en soient les moteurs.

En dépit des progrès enregistrés depuis ces 15 dernières années, la culture de la prévention reste encore insuffisante en France où l’on déplore 626 227 accidents du travail en 2016, avec un indice de fréquence de 33,8 pour 1 000, selon les dernières statistiques de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam). Pour que la situation évolue positivement et durablement, le 3e Plan santé au travail (PST) 2016-2020 institue la culture de la prévention comme une priorité. A charge pour les professionnels de santé et les entreprises de s’en emparer en actionnant différents leviers, tels que l’information et la formation des salariés, l’évaluation des risques et la conception des environnements de travail. « L’objectif étant que tous les acteurs de l’entreprise s’approprient cette culture de la prévention avec des actions concrètes qui prennent en compte les situations de travail réelles et non pas uniquement leur mise en conformité avec la réglementation », recommande l’Association nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact).

Des journées de sensibilisation à la prévention
Dans ce contexte, le préventeur a un rôle stratégique à jouer afin que l’ensemble des collaborateurs adhère à cette culture de la prévention dans l’entreprise et qu’ils se l’approprient, à tous les niveaux de l’organisation. Un enjeu bien compris par les entreprises de BTP, qui mobilisent cadres et salariés lors des journées sécurité. A commencer par Eurovia, filiale de Vinci, qui organise tous les deux ans depuis 2009 une journée internationale de la prévention avec ses quelque 39 500 salariés, afin d’échanger sur la culture de la responsabilité et de la prévention. Le prochain rendez-vous est fixé en mai 2019. A une échelle beaucoup plus modeste, le groupe Livio organise, pour sa part, deux fois par an des ateliers autour de la sécurité, destinés à ses 400 collaborateurs sédentaires ou nomades. En fonction de la nature de leur travail, ces derniers choisissent leurs ateliers parmi un éventail allant de l’ergonomie au rangement du matériel en passant par la prévention des risques psychosociaux, le travail en hauteur, etc. Les journées de sensibilisation ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Pour instaurer une prévention durable, il est nécessaire de co-construire la démarche avec les managers et les salariés de sorte à bâtir une réelle culture de l’anticipation. Cette dernière doit prendre en compte les besoins et les contraintes de chacun ainsi que les situations de travail réel, comme le recommande Jehanne Essa, responsable de la sécurité et de la santé au travail en Nouvelle-Aquitaine, chez un leader mondial des matériaux de construction d’origine française.

Prendre en compte les contraintes des dirigeants et des managers
« Avant même d’entreprendre une démarche de sensibilisation auprès des salariés, il est nécessaire de rencontrer la direction au plus haut niveau, conseille la préventeuse. L’enjeu vise ainsi à recueillir son engagement, sa vision de la maturité de l’organisation en termes de prévention et ses attentes vis-à-vis de l’expert en santé et sécurité au travail (SST) ». Lors de ces entretiens avec les dirigeants, le préventeur pourra identifier leurs contraintes mais aussi les facteurs pathogènes (le stress par exemple) et salutogènes (l’optimisme, l’endurance…) avec lesquels ils doivent composer. Idem pour les managers et les cadres de proximité, qui ont également des besoins et des attentes à exprimer. « Si, dans un premier temps, nous prenons soin d’eux, ils pourront plus facilement prendre soin de leurs équipes et devenir des ambassadeurs de la SST », fait remarquer la préventeuse. Ces rencontres sont l’occasion de faire remonter les attentes du terrain et de capter les signaux faibles, c’est-à-dire les risques non « conscientisés » ou non connus par l’organisation. Cette étape est cruciale pour la prévention. « Les zones aveugles non identifiées peuvent entraîner de lourdes conséquences telles que des risques psychosociaux, de l’absentéisme, du turnover, des accidents du travail, des maladies professionnelles, des crises sociales… », soulève Jehanne Essa.

Intégrer les situations de chacun au niveau des postes de travail
Ces rencontres sont donc très précieuses pour développer le dialogue entre les responsables SST et les managers. Lesquels, en comprenant mieux ces enjeux, seront plus à même de les relayer auprès du personnel d’encadrement et de leurs collaborateurs, pour les sensibiliser à la culture de la prévention. Une culture qui passe notamment par la co-construction des projets avec les salariés afin d’intégrer les mesures de prévention au niveau du poste de travail, tout en prenant en compte les situations de chacun, sachant qu’en fonction de l’âge ou du handicap de la personne, les contraintes seront différentes.

Eliane Kan

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