Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

La traque des CMR dans les garages : un travail de coopération

Depuis deux ans, un groupe de travail alsacien répertorie les substances cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) utilisées dans les garages de réparation automobile. Le but : les substituer par des produits plus sains et sensibiliser utilisateurs et fournisseurs.

Nettoyants freins, mastics, dégraissants, peintures : un mécanicien de réparation automobile utilise plus de 30 produits différents ; un carrossier-peintre, entre 150 et 200. Des mélanges méconnus aux effets parfois néfastes sur la santé. « La majorité des garages de réparation automobile compte moins de 10 salariés. Le chef d’entreprise, très occupé, n’a que peu de temps à accorder à l’analyse des risques », explique le Dr Jean-Michel Wendling, médecin du travail à l’Association de conseil en santé au travail (ACST) de Strasbourg. L’objectif est alors de faire prendre conscience à ce secteur d’activité de la dangerosité de certains produits. « En alertant la profession, avec le soutien de la corporation (Copma), nous voulons agir sur les acheteurs, les fournisseurs et les réseaux de vente et de distribution, reprend le Dr Wendling. Plus il y aura de professionnels de l’automobile avertis, moins il y aura de substances cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). »Un travail pharaonique. L’analyse des compositions de toutes ces substances s’est révélée être chronophage. « Il a fallu se procurer et décortiquer les fiches de données de sécurité de tous ces produits, à la recherche des CMR, affirme le Dr Wendling. Nous y sommes parvenus grâce à la mutualisation des moyens, en coopération avec les autres acteurs (Carsat et Direccte, notamment). » Le groupe a individualisé trois métiers : mécanicien, préparateur automobile et carrossier-peintre. « Pour chaque profession, nous avons cherché les produits susceptibles d’être utilisés pour chaque tâche : nettoyer les pièces, coller le pare-brise, etc. Nous avons ensuite répertorié la composition de chaque gamme de produits », précise l’instigateur du projet.

L’identification de ces substances a été facilitée par la création d’un outil informatique développé par Laurent Mercatoris, ingénieur en toxicologie à l’ACST. Le travail de groupe a abouti, en début d’année, à une liste précise des produits pouvant contenir des CMR, sous la forme d’un tableau Excel. « L’outil final indique pour chaque gamme de produits leur propension à être substitués : en vert, ceux qui peuvent l’être très facilement. En orange, ceux qui posent plus de difficultés. En rouge : ceux pour lesquels il n’existe pas d’alternative. Nous conseillons alors d’agir sur des modes opératoires différents ou des équipements de protection (gants, masques, ventilation) adaptés », ajoute Jean-Michel Wendling. Le tableau, qui a mis plus de deux ans à aboutir, n’est pourtant pas encore terminé… et ne le sera jamais. En mettant sans cesse à jour ces informations, grâce au soutien d’autres acteurs, comme l’AST Grand Lyon, le groupe de travail alsacien compte donner à sa démarche une dimension nationale.

Caroline Albenois

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