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Sûreté et sécurité

La Gendarmerie nationale active ses projets disruptifs d’enquête

Gendscrapper, analyse ADN d’ossements après un crash, extraction d’images pédopornographiques… grâce à l’innovation technologique et à l’intelligence artificielle, les enquêteurs de la gendarmerie montent en puissance.

A l’occasion d’une réunion à Paris du Conseil scientifique de la Gendarmerie nationale, Richard Lizurey, son directeur général, a annoncé que allait exploiter certaines technologies basées sur l’intelligence artificielle (IA) afin de faciliter ses missions. Et les projets qui devraient démarrer cette année relèvent du polar hollywoodien contemporain : analyse d’ADN à partir d’ossements sur la scène du crime, patrouilleur cyber-automatisé sur le Dark Net, extraction d’images pédopornographiques… Il s’agit de revoir en profondeur les méthodes d’enquête en exploitant le meilleur des avancées technologiques.

Refondre les méthodes d’enquête

Ces projets « disruptifs » se placent au service de la sécurité et la protection des citoyens. « Il ne s’agit pas de ripoliner les méthodes d’enquête », mais bien de transformer les mentalités et de muscler l’efficacité de la gendarmerie grâce à l’innovation. Face à « l’instinct criminel et frauduleux aussi vieux que l’humanité », il faut se montrer « de plus en plus pertinent », considère Jean-Yves Daniel, astrophysicien et directeur scientifique de la gendarmerie.

Analyse d’ossements humains et ADN non-humain

Parmi les projets les plus intéressants, l’astrophysicien a piloté un système baptisé « gendbones » qui consiste à analyser l’ADN des ossements en un temps record. Certaines circonstances telles qu’un crash aérien, un séisme ou une scène de meurtre, rendent difficile l’identification des victimes. Les scientifiques de la gendarmerie ont donc mis au point un système analysant plus rapidement les ossements. Ce qui « permet aux familles de très vite pouvoir commencer leur travail de deuil », commente le scientifique. Les enquêtes vont également se servir de l’analyse ADN des animaux et des végétaux pour inculper un criminel. En relevant certaines traces ou, comme les appellent les criminologues le relevé de l’empreinte olfactive (« l’odeur de son ADN ») sur un suspect, les enquêteurs pourront glaner les preuves de sa présence sur le lieu d’un crime.

Des services en ligne boostés

Côté cybersécurité, la gendarmerie s’est alliée à l’Université de Cergy-Pontoise pour développer un projet baptisé Alice. Grâce à des algorithmes puissants, cette tête chercheuse analyse en un temps record de grandes quantités d’images pour y détecter et extraire des contenus à caractère pédopornographique. A l’origine, cette opération est extrêmement laborieuse et exige d’éplucher chaque contenu, sans avoir le temps d’étudier les données en profondeur. Toujours dans la cybersécurité, les hackers de la gendarmerie ont créé un « Gendscrapper », à savoir un « cyber-patrouilleur automatisé » qui sillonne le Dark Net à la recherche des criminels, notamment les djihadistes qui laissent une trace numérique à leur passage.

Ségolène Khan

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