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Santé et qualité de vie au travail

La French Tech, ce nouvel Eldorado du bien-être en entreprise

Selon une enquête de l'Ifop, ceux qui travaillent dans les entreprises de la French Tech seraient plus heureux que dans les entreprises plus classiques.

Open space, hamacs, ambiance décontractée, espaces zen, baby-foot, salles de brainstorming… les entreprises et start-up de la French Tech ont définitivement succombé à la tendance américaine de l’ambiance « cool » au bureau. La question est désormais de savoir si ces nouvelles conditions de travail ont contribué à rendre leurs salariés plus heureux et s’ils travaillent mieux. A cet égard, une enquête, réalisée par l’Ifop pour la société foncière lyonnaise SFL, confirme nettement ces tendances. Menée auprès de 2.700 salariés dont 900 travaillent pour des sociétés de la French Tech, elle montre que les salariés de la Tech évaluent en moyenne leur bien-être au travail à 7,97 / 10, contre 6,50 / 10 pour la population générale.

Qui sont les entreprises de la French Tech ?
Pour l’Ifop, une entreprise de la French Tech est avant tout numérique, avec une composante d’innovation technologique. Elle est également dynamique car la forte croissance de ses effectifs la pousse à repenser sa stratégie en matière de lieu de travail. Son siège social se situe à Paris ou en première couronne. Parmi ce type d’entreprise, l’on peut citer 1000mercis, Alchimie, Criteo, Devialet, Drivy, GuestToGuest, ManoMano, Meetic, MonDocteur ou encore Younited Credit. « Il existe bien une  »French Touch » en matière de vie au bureau. Les entreprises de la Tech française offrent un mélange étonnant entre cultures française et anglosaxonne. Horaires de travail tardifs (le matin comme le soir), importance accordée au déjeuner, nette préférence pour les quartiers centraux et mixtes, attachement au bureau sont autant de caractéristiques qui démontrent que nos « Tech » restent bien  »French » » , estime Dimitri Boulte, directeur général délégué de SFL. « Elles ont affaire à une population [salariale] devenue plus exigeante au fil des années. Globalement, les salariés de la Tech sont attachés, davantage que les autres, à avoir des temps de trajets courts, à travailler dans des quartiers centraux, à profiter de bureaux qui ont une âme et qui sont conçus pour travailler vite et bien, si possible en équipe », ajoute Aude Grant, directrice générale adjointe pour la gestion des actifs et des investissements chez SFL.

La qualité de travail dans les bureaux, un atout pour recruter
Selon l’étude, les salariés de la French Tech se disent également moins sujets au stress : à peine 25% sont souvent stressés, contre 38% pour les autres salariés. Une raison qui s’explique par le fait que le lieu de travail serait désormais un critère de choix pour recruter les jeunes talents. Pour 56% des salariés de la French Tech interrogés, les bureaux ont été un argument dans le choix de leur entreprise. D’ailleurs, ils considèrent que leurs bureaux ont un impact positif sur leur motivation. « La démarche du  »workplace » est de considérer le collaborateur comme un client interne au même titre qu’un  »guest » à l’hôtel. Nous sommes dans la notion de l’hospitality à l’anglosaxonne. Son bien-être au bureau est un élément fondamental pour sa créativité et son efficacité », considère Thierry d’Haillecourt, directeur chez Criteo, une licorne française.

Des espaces plus collaboratifs
Bien sûr, l’une des conditions sine qua non de ces entreprises est l’open space. Les employés habitués à travailler en groupe n’hésitent pas à sacrifier leur espace individuel au profit de leur équipe en acceptant de travailler dans des espaces totalement ouverts. Seulement 1% d’entre eux dispose d’un bureau individuel fermé sans pour autant se sentir incommodé. Contrairement aux salariés d’entreprises classiques, ces salariés de la French Tech seraient même prêts à renoncer aux espaces personnels pour créer davantage d’espaces collaboratifs tout simplement parce que, la plupart du temps, ils travaillent en équipe. 68% le font même très souvent contre 39% dans la population générale. Le travail collectif étant même considéré comme la principale raison de se rendre au bureau. Pour cela, ces salariés n’hésitent pas à s’approprier les espaces pour en faire un usage différent de leur fonction de base. Ainsi la majorité d’entre eux se dit prête à travailler à deux endroits ou plus au cours d’une journée type (seulement 34% dans la population générale). Avec une grande importance donnée aux espaces extérieurs, parfaits pour prendre l’air ou faire une pause cigarette. Sur les 10 sociétés du panel, 8 comptent des terrasses ou des cours intérieures ouvertes à tous les salariés. Comptons aussi les espaces tels que les cafétérias, les cuisines que les employés apprécient particulièrement pour travailler de manière plus informelle, mais aussi les zones de détente, les bulles pour téléphoner, les espaces zen qui permettent de décrocher de temps en temps.

Ambiance plus fun

Dans ces start-ups, les salariés apprécient également la convivialité. Pour 82% des personnes interrogées, les bureaux sont aussi un lieu de vie où elles aiment passer du temps, contre 43% des employés d’une entreprise classique. Ils sont aussi plus que nombreux à penser qu’il est important d’aller au bureau pour travailler (89%) que ceux des autres sociétés (81%). Ce plaisir à travailler se confirme également durant les temps de pause ou en dehors des horaires de travail. 69% des salariés de la French Tech ont pour habitude d’aller boire un verre avec leurs collègues après le travail, contre seulement 26% pour les autres salariés. De même durant le déjeuner, 81% déjeunent très souvent avec leurs collègues contre à peine plus d’un sur deux (55%) pour les sociétés plus traditionnelles.

Un cluster d’entreprises innovantes
Autre point intéressant, les entreprises de la French Tech se concentrent dans les quartiers centraux les plus prisés de la capitale, du Quartier Central des Affaires (Champs-Élysées, Opéra…) jusqu’à l’est de Paris (2ème, 3ème, ème, 10ème, 20ème arrondissements de Paris). Inutile de dire que, comparé aux tours de la Défense ou des quartiers d’affaires de Saint-Denis, la qualité de vie y est nettement différente. Et les salariés l’apprécient ! Commerces et services, restaurants et bars, cadre de vie du quartier… les recrues de la French Tech sont même 96% à se dire satisfaits de l’accessibilité de leurs bureaux en transports en commun (contre 78% pour la population générale). « On pourrait penser qu’en déménageant dans le centre de Paris, on a contenté avant tout les cadres qui habitent à Paris intra-muros. En fait, les plus satisfaits sont les non-cadres, qui sont souvent en première ou en deuxième couronne – en étant proche des RER et du train, on leur permet de venir dans un temps raisonnable, qu’ils habitent au nord, au sud ou à l’est de Paris… » détaille Geoffroy Guigou, co-fondateur et directeur général de Younited Credit. 
Mais le plus intéressant, c’est l’effet « cluster » qui s’en dégage : travailler dans des quartiers centraux permet de se rapprocher des réseaux professionnels (89% de satisfaction) et personnels (87% de satisfaction). Préférence aussi pour les immeubles à taille humaine, donc plus conviviale, avec une hauteur comprise entre trois et dix étages (ils sont 68% à les plébisciter contre 48% pour le reste du panel). Enfin, c’est aussi l’avantage de partager les locaux avec d’autres entreprises innovantes et d’en apprécier l’émulation. «Nous sommes hébergés par la Bpifrance et partageons l’immeuble avec plusieurs entreprises innovantes, précise Geoffroy Guigou.  Nous croisons des entrepreneurs, des patrons de sociétés cotées au Nasdfaq… C’est stimulant de rencontrer des gens qui sont en train de réfléchir au monde de demain dans des domaines très différents des nôtres. »

Ségolène Kahn

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