Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Sûreté et sécurité

La France bien placée dans la détection et l'identification des drones malveillants

Outre les trois projets de consortiums qui ont été présentés le 18 novembre dernier par le Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale en partenariat avec l'Agence nationale de la recherche (ANR), des PME françaises sont sur le front. A l'instar de Cerbair qui a déjà déployé sa solution DroneWatch sur 7 sites industriels. Désormais, la chasse aux drones malveillants est ouverte.

Chaque année il se vend près de 100.000 drones en France. En majorité, ceux-ci sont inoffensifs mais une minorité présente des risques d’espionnage, d’attaque ou de transport de matières dangereuses. Un risque que la France a tenu à écarter après le survol, il y a deux ans, de sites sensibles par des drones non identifiés. Ce qui l’a conduit à lancer l’appel à projets Flash intitulé « Protection de zones sensibles vis-à-vis des drones aériens ». Objectif : faire émerger des solutions technologiques capables de détecter, suivre et neutraliser les engins volants. Le 18 novembre dernier, le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) a présenté en partenariat avec l’Agence nationale de la recherche (ANR) trois projets anti-drones dont le développement mené par trois consortiums a bénéficié d’un soutien financier de l’Etat. Il s’agit en l’occurrence d’Angela mené par Onera, Boréades dirigé par CS et Spid qui associe le groupe Byblos à plusieurs PME, le GIGN et la gendarmerie nationale. Les solutions proposées permettent d’identifier et de neutraliser les engins volants en faisant appel à des technologies de radar, d’optronique, d’infrarouge, de brouillage, etc.

Une solution pour les petits et moyens sites civils

Ces systèmes vendus de quelques dizaines de milliers d’euros à quelques centaines de milliers d’euros sont conçus pour de grands sites nucléaires ou militaires. A la différence de DroneWatch, la solution de surveillance de l’espace aérien proche développée par Cerbair. Commercialisée quelques dizaines de milliers d’euros, elle s’adresse aux sites de petite et moyenne tailles. Cette solution détecte et suit n’importe quel drone civil en associant reconnaissance d’images par caméras haute résolution et caméra infrarouge ainsi que par l’analyse de radiofréquences à l’aide d’un capteur dont la portée atteint 500 mètres. Il dispose de deux antennes directionnelles qui balaient en permanence les plages de fréquences utilisées par les drones. Ce capteur peut intercepter les émissions du pilote mais aussi du drone lui-même, par exemple quand il transmet le retour vidéo de sa caméra embarquée.

DroneWatch peut se coupler à des solutions de neutralisation 

Les émissions sont alors décodées puis caractérisées par le logiciel de détection mis au point par Cerbair. Lorsque ce dernier identifie la présence de drone, il transmet des alertes à des experts en charge de neutraliser la menace. Plusieurs techniques existent. Par exemple, la neutralisation peut s’effectuer par brouillage des ondes, une solution soumise en France à autorisation préfectorale ou par tir de canon laser, voire de fusil à chevrotines. Ou encore à l’aide d’aigles dressés qui se chargeront d’attaquer l’engin volant. « Notre solution de détection fonctionne de jour comme de nuit grâce à des caméras conventionnelles et dans le proche infrarouge », fait valoir Lucas Le Bell, directeur de l’entreprise qu’il a cofondée en juillet 2015 à Orsay (Essonne) avec Olivier le Blainvaux. L’entreprise propose deux solutions. Outre le DroneWatch, elle a développé une version mobile, DroneWatch Mobile, qui a été conçue pour protéger les événements à risque comme les festivals. La solution a d’ailleurs été testée en juin dernier lors du festival Solidays et présentée sur le salon ExpoProtection 2016. Pour aller plus loin, Cerbair a notamment noué des partenariats avec de grands fabricants de caméras comme le suédois Axis Communications et le chinois Hikvision. L’offre commercialisée depuis juin dernier équipe déjà 7 sites industriels dont 5 à l’étranger.

Un marché de plusieurs centaines de millions d’euros

Créée en juillet 2015, l’entreprise fait partie des lauréates du deuxième concours mondial d’innovation lui-même lancé en 2015. Ce qui lui a valu de recevoir une subvention de 200.000 euros pour développer sa solution. En septembre dernier, Cerbair a réussi à lever 500.000 euros auprès de Business Angels et de réseaux d’investisseurs tels que Arts et Métiers Business Angels et ValAngels. De quoi commercialiser ses solutions et agrandir l’équipe sachant que, pour l’heure, l’entreprise compte 5 ingénieurs. « Nous sommes issus du « studio » Technofounders, une startup créée en 2014 qui a pour vocation de propulser des technologies françaises inexploitées et en faire des leaders économiques », explique Lucas Le Bell. Première à sortir du studio avec sa solution Dronewatch, l’entreprise a l’ambition de devenir leader dans la détection de drones malveillants. Un marché qui devrait osciller d’ici 5 ans entre 500 millions et un milliard d’euros selon Seolane, une autre entreprise spécialisée sur ce secteur. Cette dernière détecte, caractérise, traque et neutralise les drones malveillants avec une station fixe au sol. En cas de survol illégal d’un site, cette dernière va détecter la signature électromagnétique du drone et le localiser par radiogoniométrie. Une technique qui recourt à plusieurs capteurs pour localiser la position du drone par triangulation. Sa solution intègre aussi un drone volant fourni par le groupe Eca qui se chargera d’identifier et de filmer le pilote avec une caméra embarquée. La traque aux drones malveillants ne fait que commencer.

Eliane Kan

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