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Santé et qualité de vie au travail

In'Air Solutions s'apprête à lancer des analyseurs d'air en temps réel

Se basant sur des travaux scientifiques du CNRS, cette start-up strasbourgeoise identifie le formaldéhyde comme principal identificateur de la qualité de l'air intérieur. Elle a développé une mallette portative qui embarque un préleveur d'air ainsi que deux micro-analyseurs automatisés.

La mauvaise qualité de l’air intérieur (QAI) coûte cher : « 19 milliards d’euros par an en dépenses de santé dans notre pays et 1,6 milliard pour les entreprises, selon une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publiée en 2014 [dernière étude en date, NDLR], lance Stéphanette Englaro, présidente de la start-up strasbourgeoise In’Air Solutions qui, créée en 2013, compte lancer dans quelques mois une mallette portative capable d’automatiser le prélèvement et l’analyse de la QAI. Il y a des centaines de polluants présents dans l’air intérieur. En fait, seuls ceux qui sont très présents sont étudiés. »

Un procédé inspiré de travaux scientifiques

La start-up s’appuie sur les recherches de Stéphane Le Calvé, responsable de l’équipe de physico-chimie de l’atmosphère au CNRS et du groupe de travail « Qualité de l’air intérieur » au conseil scientifique de Primequal 2 (Programme de recherche inter-organisme pour une meilleure qualité de l’air à l’échelle locale). Face à la difficulté de discriminer et mesurer précisément toutes les substances toxiques contenues dans l’air intérieur, le chercheur a identifié, avec son groupe de travail, le formaldéhyde comme principal indicateur de la QAI. Restait à passer de l’instrumentation de laboratoire à une machine fiable et transportable.
Défi relevé par In’Air Solutions qui, assistée par la Société de transfert technologique (Satt) Conectus Alsace, a su automatiser et miniaturiser un préleveur (pompe, débitmètre, chronomètre…) qui fait circuler l’air dans des cartouches de piégeage. Ensuite, interviennent deux analyseurs automatisés : un pour le formaldéhyde et un autre qui discrimine 4 molécules hautement toxiques (benzène, toluène, éthylbenzène, xylène). « On peut multiplier les prélèvements et les mesures puis vérifier qu’elles sont à la fois bien effectuées et dûment enregistrées, précise Stéphanette Englaro, elle-même docteur en biologie qui a levé 1,2 million d’euros auprès de Cap Innov’est et Capital Est, après avoir été lauréate au concours national pour la création d’entreprises innovantes en 2012 et 2013. Nous allons lancer le préleveur et l’analyseur de formaldéhyde en juin prochain et l’analyseur de benzène, toluène, éthylbenzène et xylène en septembre (BTEX). »

Deux campagnes de mesures sur le terrain
« Pour valider nos méthodes de mesure dynamique en continu, nous avons réalisé deux campagnes de mesure dans une école à La Rochelle (17) pour déterminer le meilleur protocole d’aération et à Maubeuge (59) pour régler au mieux la mise en route de la ventilation mécanique, tout en économisant de l’énergie, explique la présidente d’In’Air Solutions. Dans le premier cas, les mesures ont permis de mettre en évidence le besoin d’aérer plusieurs fois dans la journée sur de petites durées. Dans le second cas, nous avons pu déterminer qu’il suffisait de mettre en route la ventilation 30 minutes avant l’arrivée des élèves et l’éteindre durant la nuit. »

Erick Haehnsen

Un décret sur l’obligation d’étiquetage
Le décret n°2011-321 du 23 mars 2011 relatif à  »l’étiquetage des produits de construction ou de revêtement de mur ou de sol et des peintures et vernis sur leurs émissions de polluants volatils » est entré en vigueur en janvier 2012 pour les nouveaux produits et au 1er septembre 2013 pour les autres.
Son objectif n’est pas d’interdire les matériaux toxiques dans le bâtiment mais juste d’informer les consommateurs. Ce qui oblige fabricants, importateurs et metteurs en œuvre de ces matériaux à « indiquer sur une étiquette, placée sur le produit ou son emballage, ses caractéristiques d’émission, une fois mis en œuvre, en substances volatiles polluantes, précise le décret. Il s’agit d’une autodéclaration. Le fabricant est responsable de l’exactitude des informations mentionnées sur l’étiquette, qu’il obtient par le moyen de son choix. »
Conséquence : la prise de conscience qui en découle pousse les consommateurs, les prescripteurs, les architectes et les gestionnaires de parcs immobiliers ainsi que les chefs d’établissements, notamment ceux des entreprises de BTP, à privilégier les matériaux les plus sains. Mais aussi, dans les bâtiments existants, à mesurer les expositions, identifier les causes et trouver des parades.

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