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Risque incendie

Immeubles à grande hauteur en bois : la France sur la bonne voie

Un appel à manifestation d'intérêt a été lancé pour la construction en France d'une vingtaine d'immeubles de grande hauteur en bois. De quoi faire avancer le secteur de la protection incendie dans ce secteur de la construction.

« Nous sommes en cours de rédaction d’un vade-mecum qui fait l’état de l’art et donne des recommandations pour les immeubles de grande hauteur en bois, en ce qui concerne la structure, l’enveloppe, l’acoustique ou la sécurité incendie », a déclaré Joël Kruppa, président de la commission technique Incendie de l’Association de développement des immeubles à vivre en bois (Adivbois). De fait, un appel à manifestation d’intérêt a été lancé en France pour construire une vingtaine d’immeubles de grande hauteur (IGH) en bois. 36 projets ont été proposés. Aussi bien pour des logements que des bureaux ou des hôtels. Il faut dire que la réglementation française a suffisamment avancé au cours de ces dernières années pour accoucher d’une ingénierie de la protection incendie. Le bois, matériau combustible à la différence du béton ou de l’acier, doit donc être protégé au moyen d’autres matériaux ou par des systèmes d’extinction automatique (sprinklers). Lesquels posent à son tour la question de l’humidification du bois. « Nous ne nous lançons pas à l’aveuglette, affirme Joël Kruppa. Il y a quelques inconvénients ponctuels mais nous travaillons à réduire les risques. »

Privilégier l’approche ingénierie
Il est vrai que la question de l’ingénierie de sécurité incendie est posée depuis 2004, notamment avec l’entrée en vigueur d’une réglementation qui exige de prendre en compte des scénarios réels. Concernant la réaction des matériaux face au feu, les spécialistes français évoquent l’arrêté de 2011 sur les IGH ainsi qu’une note spécifique sur le bois, datant de 2015. Laquelle consiste, pour l’heure, à utiliser des approches de comportement au feu définies par le ministère. Côté formation, il y aurait un peu de retard à l’allumage même si, plusieurs diplômes existent à Rouen, Aix-Marseille et au Mans. Ces formations abordent les comportements structurels, les transferts thermiques, le développement du feu ou les comportements des occupants humains. « L’ouverture à l’ingénierie est plus importante. La discipline est utilisée dans les ERP mais aussi dans le nucléaire. Que ce soit du verre, de l’acier, du béton ou du bois, c’est une question de méthodologie plus que de matériau en lui-même », estime dans un article de Batiactu.com Daniel Joyeux, président d’Efectis, un centre d’expertise des sciences du feu. En effet, l’approche française diffère de celle des préventionnistes anglo-saxons dans la mesure où nos ingénieurs privilégient la méthode scientifique de la conception de l’ouvrage. Tel fut le cas avec la conception de la Fondation Vuitton, un bâtiment qui compte de nombreux couplages de matériaux, y compris le bois. Dans ce contexte, la sécurité incendie a largement profité d’une approche d’ingénierie à la française.

Les premiers IGH bois courant 2018
De fait, Efectis et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) ont promu la combinaison  »essais + calculs » afin de limiter la propagation de l’incendie, intégrer le comportement au feu d’une structure complexe et garantir la sécurité des intervenants. Reste qu’il sera nécessaire de passer par la construction de plusieurs immeubles prototypes, des cas d’application, avant de figer une réglementation précise pour les IGH bois. « Les lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt seront connus à la mi-septembre 2017. Et courant 2018, nous devrions avoir des choses qui commencent à sortir de terre », annonce Joël Kruppa. Une chose est sûre : cette appel à manifestation d’intérêt donne un coup de booster à ce secteur de la sécurité dans la construction.

Erick Haehnsen

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