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Santé et qualité de vie au travail

Gyropodes en entreprise : l’INRS publie ses recommandations

Face au risque de collision ou de chute de plain-pied, l’utilisation de ces engins motorisés de déplacement individuels ne fait pas l'unanimité. Pour l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), mieux vaut réaliser d'abord une étude sérieuse de faisabilité.

Depuis quelques années, gyropodes, trottinettes électriques, hoverboards et mono-roues ont peu à peu envahi nos trottoirs. Leur usage s’est même démocratisé dans le cadre professionnel. Si certains employés les enfourchent uniquement pour se rendre au bureau, d’autres motorisent leur déambulation toute la journée sur site afin de simplifier leurs déplacements. Or, du fait de leur vitesse élevée, de la difficulté à les contrôler, voire de certains défauts de fabrication, ces nouveaux engins motorisés sont à l’origine de nombreux accidents plus ou moins graves. A cet égard, l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) vient de publier ses mises en garde.

Des risques d’accident élevés
Depuis quelques années, outre l’usage personnel, les gyropodes ont fait leur entrée en entreprise. Agents de sécurité, policiers municipaux, contrôleurs qualité en entrepôts logistiques, préparateurs de commandes, agents de maintenance sur sites industriels… les employés effectuant de nombreux déplacements sur des sites de taille importante sont de plus en plus férus de ces dispositifs. Reste que sur les sites parcourus par des engins motorisés, le risque de collision est élevé, de même que les chutes de plain-pied dans les espaces encombrés ou présentant des sols irréguliers.

Des postures contraignantes
Pour l’INRS, ces formes émergentes de mobilité ont beau bénéficier d’un certain engouement, elles font également l’objet d’un manque de recul inquiétant. Outre le risque élevé d’accident, l’institut dénonce les impacts négatifs sur la santé des utilisateurs, parmi lesquels les « contraintes posturales liées à la station debout prolongée mais aussi l’augmentation de la charge cognitive et de la cadence de travail », énumère Laurent Kerangueven, expert d’assistance conseil à l’INRS.

Adapter l’usage au poste
Avant toute décision d’équiper ses employés de ce type d’engins, mieux vaut donc réaliser une analyse au préalable des situations de travail concernées et des facteurs relatifs à ces déplacements. « Une évaluation a priori doit être menée au cas par cas pour s’assurer que le gyropode est approprié à l’activité envisagée, adapté à la tâche à réaliser et à l’environnement dans lequel il sera utilisé », insiste Anne-Sophie Valladeau, experte d’assistance conseil à l’INRS. Environnement, typologie des lieux, organisation du travail, contraintes potentielles telles que la charge physique et les plannings… rien ne doit être laissé au hasard.

Attention aux gyropodes sans guidon
Et cette étude de faisabilité ne suffit pas ! Pour l’institut, il reste de nombreux points de vigilance à prendre en compte. Tout d’abord, certains engins sont beaucoup plus sécurisés que d’autres en termes d’équilibre : mieux vaut privilégier un appareil pourvu d’un guidon, plus facile à maîtriser et plus stable. Autre critère important, la possibilité de définir en amont avec le fabricant les conditions d’usage et, surtout, la vitesse maximale de l’engin. Pour rappel, certains gyropodes peuvent rouler jusqu’à 80 km/h ! La moyenne maximale étant comprise entre 25 km/h et 40 km/h.

Orchestrer les flux de circulation
Au plan organisationnel, certains sites sont soumis à des flux de circulation variés et intenses. Pour éviter tout risque de collision, il est donc très important de séparer les voies piétons de celles destinées aux engins de déplacement personnel et autres véhicules (comme les chariots élévateurs), avec une circulation à sens unique et des espaces de stationnement différents. De même, la qualité des sols est à surveiller de près, notamment en cas d’aspérités pouvant conduire à une perte de contrôle de l’appareil. Enfin, l’institut recommande de former correctement les salariés à la maîtrise de ces engins, aux risques auxquels ils s’exposent et aux moyens de les prévenir. Sans oublier le port d’équipements de protection individuelle adaptés, comme un casque, des coudières et des genouillères !

Ségolène Kahn

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