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Sûreté et sécurité

Gilets jaunes : le gouvernement montre les dents

Limogeage du préfet de police de Paris, augmentation de l’amende pour participation à une manifestation illégale, interdiction de manifester notamment sur les Champs-Elysées à Paris, place Pey-Berland à Bordeaux et place du Capitole à Toulouse… le gouvernement a décidé de muscler son appareil répressif pour endiguer les violences dont il accuse les Gilets jaunes.

Sanctuarisation des Champs-Elysées, la tête d’un préfet qui tombe, des décisions symboliques : devant la recrudescence des violences en marge du mouvement des Gilets jaunes dans la capitale samedi dernier, le gouvernement a annoncé lundi 18 mars un arsenal de mesures sécuritaires. « On ne peut pas s’arrêter à la tyrannie d’une irréductible minorité », martelait Emmanuel Macron, ulcéré, lundi soir durant un court débat sur sa politique à l’Élysée en présence d’une soixantaine d’intellectuels.

Rendre des comptes

C’est le branle-bas de combat au sein du gouvernement et nombreux sont les représentants qui devront rendre des comptes. A commencer par le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, dont la politique est souvent jugée trop tiède, mais aussi son homologue à l’Économie, Bruno Le Maire, qui, devant les commissions des Lois et des Affaires économiques du Sénat, ont commenté mardi 19 ces violences ainsi que leur impact sur les caisses de l’État. Quant à Édouard Philippe, le Premier ministre, dont le ton se durcit de plus en plus, il s’est également entretenu mardi avec la maire de Paris, Anne Hidalgo.

124 commerces attaqués

Il faut dire que l’acte XVIII des Gilets jaunes a été le théâtre d’un épisode de violences dont le gouvernement se croyait à l’abri depuis les mesures entreprises auparavant : 27 commerces ont été pillés et 124 dégradés, selon Édouard Philippe. Sans compter les incendies de kiosques à journaux, d’une banque mettant en danger de mort les habitants de l’immeuble ou encore celui du très symbolique restaurant Le Fouquet’s sur la célèbre avenue parisienne. En tout, la facture des dégâts s’élèverait à 170 millions d’euros depuis le début du mouvement, qui a démarré mi-novembre, selon les calculs de la Fédération Française de l’Assurance (FFA).
Devant un tel déferlement de violence, la fenêtre de tir est très étroite pour l’exécutif, coincé entre les députés de gauche qui crient au totalitarisme de la loi anti-casseur et ceux de droite qui, au contraire, critiquent la tiédeur des mesures. D’autant que les heurts de samedi dernier ont révélé, pour le gouvernement, certains dysfonctionnements dans dans la chaîne de commandement de l’appareil destiné à maintenir l’ordre. « Nous allons utiliser tous les moyens de droit et tous les moyens de mobilisation des forces de l’ordre pour ne plus rendre possibles ces actes », a promis Édouard Philippe lundi sur France2.

Interdiction de manifester dans les quartiers les plus sensibles

La mesure qui fait le plus de bruit reste l’interdiction « des manifestations se revendiquant des Gilets jaunes dans les quartiers qui ont été les plus touchés, dès lors que nous aurons connaissance de la présence d’éléments « ultras » et de leur volonté de casser », a annoncé le Premier ministre. Soit les Champs-Élysées à Paris bien entendu, la place Pey-Berland à Bordeaux ou encore celle du Capitole à Toulouse. Concrètement, cela signifie que les préfets seront autorisés à procéder à la dispersion immédiate du mouvement, à chaque fois que la présence de casseurs sera signalée dans ces zones. Par ailleurs, le chef du gouvernement a demandé à Nicole Belloubet, la garde des Sceaux, d’élever le montant de l’amende pour participation à une manifestation interdite, qui passerait donc de 38 à 135 euros.

Remplacement du préfet de police de Paris

Autre mesure symbolique : le limogeage du préfet de police à Paris. Mercredi, en conseil des ministres, Emmanuel Macron a prévu de nommer Didier Lallement, ancien secrétaire général du ministère de l’Intérieur, actuel préfet de la Nouvelle-Aquitaine. Et ce en remplacement de Michel Delpuech, connu pour sa réserve à l’égard des lanceurs de balles de défense.

Drones et caméras-piéton

Enfin, la place Beauvau a annoncé vouloir donner plus de moyens aux forces de l’ordre dans leur exercice du maintien de l’ordre : une plus grande autonomie pour les soldats de la paix sur le terrain qui seront désormais placés sous un commandement centralisé. Les détachements d’action rapide vont, par ailleurs, muter en unités anti-casseurs dotées de moyens plus musclés pour disperser et interpeller les fauteurs de troubles. Parmi ces moyens figure un nouvel arsenal de dispositifs comme des systèmes de marquage ADN, des drones et caméras-piétons destinés à fournir des preuves judiciaires. En outre, des moyens supplémentaires seront mobilisés pour le transport des individus interpellés. Quant aux officiers de police judiciaire, leur nombre devrait augmenter en marge des unités de terrain.

Ségolène Kahn

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