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Risques industriels et environnementaux

Fukushima : une facture explosive à 170 milliards d'euros

Le gouvernement japonais a dû réviser son estimation du coût de la catastrophe nucléaire. En prenant en compte le démantèlement de la centrale, la facture a presque doublé depuis 2013.

Coup dur pour les partisans du nucléaire dont l’argument consiste à dire que cette énergie est la plus compétitive en matière de production d’électricité. En effet, plus de cinq après qu’un tsunami meurtrier a frappé les côtes japonaises, endommageant les installations de la centrale nucléaire de Fukushima le 11 mars 2011, la facture s’annonce très salée pour l’État japonais qui avait dû nationaliser Tepco en 2012 afin d’aider l’opérateur électrique à surmonter cette épreuve.

Des coûts à répercuter sur le prix de l’électricité
Selon un rapport publié ce dimanche par le quotidien économique japonais Nikkei, les fonds à mobiliser pour indemniser les victimes et démanteler la centrale de Fukushima Daiichi sont désormais quantifiés à plus de 20.000 milliards de yens, soit 170 milliards d’euros. C’est presque le double de ce qu’avait estimé en 2013 le ministre du Commerce : 92 milliards d’euros le coût de la catastrophe, dont 45 milliards d’euros d’indemnisations, 21 milliards d’euros pour la décontamination, 9,2 milliards d’euros pour la construction d’un lieu de stockage des sols contaminés et 16,8 milliards d’euros pour le démantèlement de la centrale. Aujourd’hui, dans le détail, l’indemnisation des victimes est désormais estimée à 67 milliards d’euros, tandis que la décontamination devrait s’établir dans une fourchette allant de 33 à 42 milliards d’euros. Quant au budget du démantèlement de la centrale, il se voit réévalué à la hausse dans les mêmes proportions. Selon plusieurs sources proches du dossier que rapporte le Nikkei, une partie de cette augmentation sera reportée sur les coûts de l’électricité. Cependant, le ministère japonais du Commerce n’apporte aucun détail ni commentaire.

Avenir incertain
On s’en doute, l’augmentation explosive de cette facture ne fait pas les affaires du gouvernement japonais. A la lumière d’un rapport intermédiaire sur Tepco rendu en octobre dernier, le montant des travaux dans la centrale s’annonçait plus élevé que prévu, les experts évoquant des coûts annuels supérieurs à plusieurs centaines de milliards de yens, soit plusieurs milliards d’euros, sur les trente ou quarante ans que doit durer ce chantier pharaonique. D’après leurs estimations, la récupération du corium dans les trois réacteurs dont le cœur avait fondu en mars 2011 va nécessiter des dépenses colossales que Tepco ne pourra pas affronter seul…

La contamination marine en cours d’évaluation
A cela s’ajouteront peut-être un jour les coûts liés à la contamination radioactive de l’océan Pacifique. A cet égard, l’association Greenpeace a lancé en février dernier une étude de cette pollution sur les fonds marins au large de la centrale accidentée de Fukushima Daiichi à bord du Rainbow Warrior III, assistée par l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (Acro).
« L’accident de Fukushima a entraîné la plus grande pollution radioactive en mer jamais enregistrée. Celle-ci provient tout d’abord des rejets directs au moment de l’accident (au plus fort des émissions atmosphériques 80 % des rejets se sont dirigés vers l’océan), puis via les eaux de refroidissement constamment injectées dans les réacteurs de la centrale, dont une large partie s’infiltre vers les sous-sols puis vers l’océan Pacifique, explique Mylène Josset, docteure en science à l’Université de Caen et chargée de l’étude pour l’Acro. Ensuite, il faut ajouter la contribution des rivières qui ont recueilli et recueillent encore les ruissellements des pluies chargées des pollutions radioactives suite au lessivage et au drainage des sols contaminés. En fait, chaque rivière est devenue une source d’apport en contamination marine. »

Erick Haehnsen

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