Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

Franck Lorgery (Gesi) : « Il pourrait être judicieux d’homogénéiser les exigences en fonction des différentes réglementations »

Interview du nouveau président du Groupement français des industries électroniques de sécurité incendie (Gesi) affilié à la Fédération française du matériel d’incendie (FFMI).

Le cabinet Xerfi a réalisé en fin d’année dernière une étude qui montre que le marché de la sécurité incendie a progressé de 5% en 2013, après une croissance de 4,4% en 2012 et de 3% en 2011. Qu’en est il de votre secteur d’activité ? 

Le marché de la Sécurité des systèmes de sécurité incendie est plutôt atone avec un chiffre d’affaires de 600 millions d’euros pour 2012 et 2013. Nous tablons sur les mêmes résultats en 2014. Cette stagnation est liée au recul de la construction neuve. L’an dernier, nous avons vendu 920.000 détecteurs contre un peu plus d’un million en 2012. Concernant le marché de la rénovation, il concerne essentiellement le remplacement des détecteurs de fumée à chambre d’ionisation (DFCI) qui, pour des raisons de santé publique, doivent progressivement être retirés du marché d’ici 2021. Ils sont remplacés par des appareils reconditionnés. En 2013, nous en avons vendu 907.000 contre 831.000 en 2012.

Combien d’installations sont impactées par l’arrêté de novembre 2011 ?

On estime qu’il existe 7 millions de détecteurs ioniques en service répartis sur 300.000 installations. 45% de ces appareils concernent des établissements de santé. D’ici la fin de l’année, les utilisateurs doivent avoir rédigé une fiche de recensement initiale qui doit être remise à l’installateur, le mainteneur ou le déposeur qui la transmettront à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

Quel est le calendrier de retrait des DFCI ? 

La mise en œuvre de l’arrêté est progressive. Il est interdit depuis la fin de l’année dernière d’étendre des réseaux à l’aide de détecteurs ioniques. En décembre 2015, les appareils qui ne répondront pas aux caractéristiques de l’annexe II de l’arrêté seront interdits. Alors que les dispositifs restants devront être retirés fin 2017, à l’exception des détecteurs concernés par des plans de migrations qui devront s’achever fin 2021.

Comment êtes vous organisés pour aider vos clients à faire face à leurs obligations ? 

Dès 2011, nous nous sommes regroupés avec trois autres syndicats de fabricants, installateurs, et mainteneurs de systèmes de détection incendie * afin de créer le label Qualdion géré par le LNE (Laboratoire national de métrologie et d’essais). Cette qualification témoigne de l’engagement des professionnels à respecter la réglementation, à s’assurer des compétences de leurs intervenants en sécurité incendie et à garantir le bon fonctionnement de l’installation à l’issue du remplacement des détecteurs.

A quelles difficultés êtes vous confrontés ? 

Notre secteur est soumise à une forte pression normative de la part de l’Europe avec l’actualisation des normes EN 54 Système Détection et d’Alarme Incendie qui spécifient les exigences minimales et les tests de laboratoire. L’enjeu étant d’assurer un niveau de sécurité pour tous les composants du système d’alarme incendie. Ce travail normatif constitue pour notre syndicat un très gros poste de dépenses car nous devons faire entendre notre voix. Or la France n’accorde aucune aide publique. A la différence de certains Etats comme le Royaume-Uni ou l’Allemagne dont les représentants siègent avec leurs industriels au sein des groupes de travail.

Les maîtres d’ouvrages réclament un choc de simplification afin d’alléger les coûts de construction. Y êtes vous favorable ? 

Le coût de la sécurité incendie dans un bâtiment est minime par rapport aux coûts de construction et d’exploitation globaux. En revanche, le dispositif réglementaire actuel a permis d’atteindre un niveau de sécurité satisfaisant (moins de 50 décès par an en ERP et ERT). Il permet également de définir une chaîne claire de responsabilités : c’est un gage de sécurité juridique pour l’exploitant. En revanche, il pourrait être judicieux d’homogénéiser les exigences en fonction des différentes réglementations (ERP, Code du travail, ICPE). La réglementation gagnerait en lisibilité et serait plus facilement applicable. Enfin notre profession s’est engagée collectivement au travers de marques de qualité produit (NFSSI) et service (APSAD). Ces marques sont des repères, pour les maîtres d’ouvrage et les exploitants, qui leur permettent d’identifier des solutions et des professionnels fiables et respectueux de la réglementation.

Propos recueillis par Eliane Kan

* Le label Qualdion a été créée avec la Fédération française des entreprises de génie électrique (FFIE) , le Syndicat des entreprises de génie électrique et climatique (Serce) et le Syndicat français des professionnels sécurité, voix, données, images (SVDI)

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