Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Cyberprévention

Florence Parly veut connecter la cyberdéfense à la société, aux entreprises et à l'Europe

À l'occasion du Forum international de la cybersécurité (FIC) de Lille, la ministre des Armées dresse le constat de l'omniprésence du numérique et de ses menaces et montre comment la France, au sein de l'Europe compte accélérer l'organisation de la cyberdéfense. Elle annonce, entre autres, 1.000 cybercombattants supplémentaires.

Dans l’amphithéâtre Vauban de Lille Grand Palais où se déroule le Forum international de la cybersécurité (FIC), Florence Parly est venue parler de cybersécurité ce mardi 23 janvier en fin de journée. La ministre a commencé par dresser le constat de l’omniprésence du numérique. « Tout, aujourd’hui, est connecté. Tout. Depuis nos téléphones jusqu’à nos vêtements, en passant par nos voitures et même nos brosses à dents. Tout collecte les données, les traite, les classe, les analyses. On a pensé que le numérique s’arrêterait à quelques objets précis, nous avions tort : l’internet of things est aujourd’hui devenu l’internet of everything. Mais nos vies changent, nos modes de vie s’adaptent et avec, nos modes de combat. »

Nouvelles menaces
Et d’égrainer les menaces qui accompagnent l’évolution de la société vers l’hyperconnectivité. « Nous découvrons chaque jour des opportunités et des failles. Meltdown et Spectre sont les deux derniers avatars célèbres de ces fragilités mais d’autres verront le jour et nous devrons les parer. Avec cette hyperconnectivité, toute notre société est menacée par des ennemis sans nom, sans visage, sans origine. Par des ennemis intraçables et encore impunis. » Et d’ajouter qu’elle est allée sur tous les théâtres d’opération où la France est engagée. « Le numérique structure le champ de bataille. Il est présent sur tous les terrains, dans tous les domaines. Il est présent chez nous, chez nos alliés, chez nos ennemis. Il change les stratégies, les équipements, les quotidiens, analyse-t-elle. L’espace numérique n’est plus un espace isolé du monde réel. […]. Si nous n’agissons pas, si nous ne prenons pas résolument le tournant de l’innovation, de la recherche et de la cybersécurité, d’autres le feront pour nous. J’ai tenu à venir à Lille pour vous dire que cela n’arrivera pas. »

Revue stratégique de cyberdéfense 
Et d’affirmer que la France a renouvelé et réaffirmé son ambition cyber. « Cette ambition repose d’abord sur l’analyse et la définition d’un modèle de cyberdéfense adapté, consolidé, cohérent. Tel sera l’objet de la revue stratégique cyber qui sera prochainement remise au Président de la République. » Idée phare : la résilience numérique doit être repensée en intégrant fortement et à tous les niveaux, les enjeux de cybersécurité dans les organisations. « En ce qui concerne le ministère des Armées, il s’agit de mieux anticiper les menaces, notamment à travers le renseignement et le développement de coopérations fortes. Il est également important de détecter et d’attribuer les attaques. Il s’agit d’en protéger nos réseaux. Il s’agit aussi de pouvoir répliquer quand cela est nécessaire. Il s’agit enfin de permettre à nos forces en opérations de combiner armes cyber et actions cinétiques pour démultiplier les effets de nos interventions. »

Nouveaux cybercombattants
À l’occasion de l’élaboration de la loi de programmation militaire, Florence Parly annonce « qu’entre 2019 et 2025, les armées consacreront 1,6 milliard à la lutte dans l’espace numérique. Et d’ici 2025, le ministère des Armées comptera 4.000 cybercombattants soit un millier de plus qu’aujourd’hui. » Cette promesse sera-t-elle tenue ? Outre les missions de protection, de défense et d’actions offensives, il est également question d’élaborer un outil de cybercombat pour répondre aux attaques sur les intérêts nationaux de la France et de l’Europe. « Enfin, nous développerons encore le renseignement afin de consolider nos capacités de recherche dans la profondeur de l’espace numérique et d’être en mesure d’y rechercher l’information utile, d’anticiper les attaques et, si nécessaire, de réagir », précise la ministre des Armées. 

Créer un noyau européen de cyberdéfense
Réaffirmant la vocation européenne de nos armées, Florence Parly compte créer un noyau européen de cyberdéfense opérationnel, capable de nous protéger et de nous défendre, interopérable pour organiser un combat coopératif en partageant en temps réel les alertes, les informations et les menaces grâce à la connexion des Centres opérationnels. « L’échelon européen [|est] le plus adapté pour le rayonnement et le succès de nos industries. » Et de vouloir enrôler tout le monde : « Faire la cybersécurité sans les entreprises, PME ou grands groupes, ce n’est ni sérieux ni réaliste. Par votre esprit d’initiative, par votre soif d’innovation, [les entrepreneurs de la cybersécurité sont eux aussi] des soldats au service de nos intérêts stratégiques dans l’espace numérique. »

Innovation en cyberdéfense
Côté innovation, la ministre évoque des projets qui sont déjà lancés comme l’étude ARTEMIS sur l’apport de l’intelligence artificielle à la cyberdéfense, le pôle d’excellence Cyber constitué autour du bassin rennais ainsi que le projet Intelligence Campus qui créera un écosystème innovant dans le domaine du traitement massif de données. Et de galvaniser les troupes : « Dans cette bataille pour l’innovation et pour notre sécurité numérique, chacun doit être mobilisé. Depuis nos combattants numériques de plus en plus nombreux jusqu’aux étudiants de nos écoles et de nos universités ; depuis les PME jusqu’aux soldats de notre réserve cyber : nous sommes tous concernés par notre cyberdéfense. »

Erick Haehnsen

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