Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Sûreté et sécurité

Faire pousser des drones... comme des plantes !

C'est le pari fou que souhaitent relever les chercheurs de BAE Systems et de l'Université de Glasgow afin de produire dans des délais plus rapides et à moindre coût des engins pour la sûreté, la sécurité ou la Défense. Situés à proximité des zones d'intervention, ces cuves chimiques auraient pour but de produire à la volée, chaque drone selon une mission spécifique. De quoi donner un sérieux avantage tactique sur le terrain, si toutefois le projet parvient à voir le jour.

A l’occasion du salon international de l’aviation de Farnborough qui se tient du 11 au 17 juillet à 50km au sud de Londres, le groupe BAE Systems, connu pour ses recherches sur les Unmaned Aerial Vehicles (UAV) prévus pour l’horizon 2040, vient à nouveau de surprendre le monde de l’innovation. Avec l’aide de l’Université de Glasgow, les équipes d’ingénieurs et de scientifiques ont imaginé un système inédit de conception chimique de drones. En clair, il s’agirait de faire pousser les drones comme des plantes ! Une imagination par trop débordante, dira-t-on de ces chercheurs. C’est justement bien là le but du projet qui a pris naissance dans le cadre du programme Open Innovation du groupe, un programme bien particulier puisqu’il est chargé de fédérer chercheurs, grands groupes, universitaires et jeunes pousses dans le but d’encourager les recherches dans des contrées technologiques peu explorées, à développer et exploiter les idées les plus novatrices.

Innovation au service de la tactique
En ce qui concerne ce projet, le but était d’imaginer une conception des drones à proximité des zones de guerre ou d’intervention. Par ailleurs, il faut dire que les avions militaires sont tellement sophistiqués qu’une vingtaine d’années est nécessaire pour passer de la planche à dessin à la production industrielle. Même en investissant des sommes colossales. Le but de BAE Systems vise à réduire les coûts de conception et de production de drones pour la sûreté, la sécurité et la Défense en  »cultivant » ces engins dans un Chemputer, des ordinateurs chimiques. Autre défi : la volonté de répondre à des objectifs bien définis et spécifiques à chaque mission. En d’autres termes, il s’agit de pallier toutes les exigences en matière de stratégie de Défense ou de sûreté, quelles qu’elles soient. Comme par exemple un drone petit et rapide afin de partir en reconnaissance en milieu hostile. Ou encore déposer des fournitures aux forces spéciales, procéder à une surveillance, fonctionner à des vitesses et des altitudes qui les rendraient invulnérables aux missiles anti-aériens. Quant aux drones les plus gros et solides, ils auraient la mission de transporter des charges explosives… Ainsi le communiqué de l’entreprise affirme-t-il qu’avec des drones « cultivés à grande échelle dans des laboratoires, les processus d’évolution pourraient être accélérés, passant de quelques années à seulement quelques semaines ».

Que sont les Chemputers ?
En revanche, le mystère sur le fonctionnement des bassins de production est total. Jusqu’ici, BAE Systems n’a que très peu communiqué sur les moyens de production de ces drones à la volée et de façon chimique. Néanmoins, on sait que les aéronefs devraient être produits grâce à une interface de personnalisation simplifiée baptisée Chemputer (contraction des termes anglais Chemestry, chimie, et Computer, ordinateur) permettant d’attribuer des caractéristiques lors de leur création. Initialement développé par Lee Cronin, professeur à l’Université de Glasgow et directeur scientifique fondateur du groupe éponyme, cette machine est une sorte d’imprimante 3D de pointe qui fonctionne à un niveau moléculaire. Au-delà de ces considérations, personne ne sait rien sur le fonctionnement des bassins de production ou de la technologie employée. « Nous avons développé des méthodes pour digitaliser des matériaux synthétiques et chimiques et nous pensons, dans le futur, pouvoir assembler des objets complexes dans une machine de ce type. Ou, du moins, avec une supervision humaine très limitée », affirme Lee Cronin. Toutefois, il reconnaît que le projet a encore de belles années devant lui avant d’aboutir à une concrétisation : « Ce sera très difficile mais je suis confiant dans l’idée que la pensée créative et les technologies numériques convergentes finiront par conduire à la programmation numérique de systèmes chimiques et matériels complexes. » En tous cas, cela fait rêver.

Ségolène Kahn

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