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Risques industriels et environnementaux

Explosion dans une usine de Dieppe : ce que l’on sait

Deux techniciens ont perdu la vie durant l’explosion de l'usine Saipol de traitement d’huile à Dieppe (Seine-Maritime). Si l’incendie a été maîtrisé, l’inquiétude reste du côté des riverains notamment en ce qui concerne les stocks de matières inflammables.

Samedi 17 février à 10h58, c’est toute la ville de Dieppe (Seine-Maritime) qui a été secouée par une explosion qui a retenti dans l’une des principales cuves de l’usine Saipol de traitement d’huile qui appartient au groupe Avril (ex-Sofiprotéol). Cette explosion a entraîné la mort soudaine de deux techniciens sous-traitants qui réalisaient sur place une opération de maintenance. « Les causes de l’explosion sont inconnues à ce stade », a précisé la préfecture. Natifs de la région, les deux techniciens opéraient en tandem pour le compte de la Snad, un prestataire spécialisé dans la maintenance industrielle, a précisé à l’Agence France-Presse Jehan-Eric Winckler, le sous-préfet de Dieppe. Mais le bilan humain est en réalité plus lourd. Au total, onze personnes seraient impliquées dont un blessé et sept autres encore sous le choc, indique le communiqué de la préfecture de Seine-Maritime. 

Atelier d’extraction
Parmi les réactions attendues du gouvernement, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Stéphane Travert, a annoncé sa venue dimanche sur le site et a notamment confié « sa grande tristesse, sa compassion et son entière solidarité aux salariés et responsables de l’entreprise ». L’usine Saipol de Dieppe est spécialisée dans la transformation des graines de colza en huiles végétales brutes et en tourteaux. Pour l’heure, on ignore encore la cause exacte de l’explosion. À cet égard, l’enquête a été confiée à la police sous la conduite des services du procureur du tribunal de grande instance de Dieppe. Parmi les faits connus à ce jour, on sait néanmoins que l’explosion est survenue au niveau de l’atelier d’extraction, un local où est extraite, à l’aide d’un solvant, l’huile contenue dans les résidus solides issus des presses, a indiqué le groupe Avril. Depuis 24 heures, l’activité de l’usine avait été suspendue à l’occasion d’une opération classique de nettoyage. 

L’incendie visible depuis toute la ville de Dieppe 
Et pourtant, une explosion terrible s’est déclenchée, libérant d’impressionnantes colonnes de flammes au-dessus de l’usine. L’incendie durant tout l’après-midi, a littéralement carbonisé le bâtiment de six étages. Et ce n’est qu’en début de soirée que les sapeurs-pompiers ont réussi à maîtriser l’incendie, selon la préfecture. En réaction à cela, un périmètre de sécurité a été dressé, tandis qu’une salle municipale a été mise à disposition par la mairie pour accueillir les personnes qui pourraient éventuellement être évacuées. Qui plus est, une cellule d’urgence médico-psychologique a également été mise sur pieds à l’hôpital de Dieppe. En tout, ce sont quarante sapeurs-pompiers, équipages de police et personnel du SAMU qui ont été mobilisés sur le site.

Une usine « pas classée Seveso » 
Si le groupe Avril a assuré que « toutes les procédures habituelles de prévention et de sécurité étaient conformes » durant l’opération de nettoyage, la préfecture insiste sur le fait que « l’usine de fabrication d’huile n’est pas classée Seveso ». Cette directive s’applique à tout établissement qui abrite des substances dangereuses et oblige les entreprises qui en manipulent à se déclarer aux autorités publiques. Ce qui signifie que l’usine de Dieppe était seulement soumise à une autorisation administrative d’exploitation. Si les risques de pollution semblent maîtrisés, des mesures devraient tout de même être prises au niveau gouvernemental. « Dès ce lundi, nous demanderons à la préfecture et à Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, une table ronde » pour étudier les conséquences, notamment sociales, de cet accident, a affirmé Sébastien Jumel, député PC de Seine-Maritime et ancien maire de la ville. Enfin, une enquête de police doit être ouverte dès que les opérations de secours seront terminées.

Ségolène Kahn

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