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Discrimination au travail : qui sont les victimes ?

Age, sexe, parcours, cursus, origine ethnique ou encore religion… Une étude réalisée par ADP répertorie les principaux facteurs de discrimination et de mal-être au travail, alors qu'un tiers des salariés européens estime en avoir déjà été victime.

Salaire moins élevé, moqueries, harcèlement, remarques désagréables, charges de travail plus importantes, dévalorisation du travail… La discrimination est une réalité que nombre de personnes subissent au quotidien dans leur environnement professionnel. Le spécialiste de la gestion du capital humain (HCM), ADP, vient de publier une étude intitulée « The Workforce View in Europe in 2018 », dont l’objectif est de dresser la liste des principaux facteurs discriminants au travail. En toile de fond, le spécialiste est parti du constat que plus d’un tiers des salariés européens (34% sur 10.000 actifs interrogés) ont déjà été victimes au moins une fois de discriminations.

L’âge, premier facteur discriminant

Parmi les principaux critères de traitement inéquitable, figure l’âge (voir l’interview d’Etienne Hubert) qui serait cité par un collaborateur sur 10. Un phénomène logique pour Carlos Fontelas De Carvalho, président d’ADP France et Suisse, qui considère qu’avec « l’allongement de la durée de vie et le recul de l’âge de la retraite, nous voyons pour la première fois cinq générations travailler côte à côte dans nos entreprises ». En plus d’être un facteur discriminant, l’âge serait également perçu comme un frein dans l’évolution de la carrière, et ce pour près d’un salarié sur cinq (18%). Toutefois, les aînés ne sont pas les seuls à le déplorer. Ainsi l’étude relève-t-elle que, dans une proportion égale, les personnes de plus de 55 ans et de moins de 25 ans sembleraient confrontées à ce problème (17%).

La nécessité de faire feu de tout bois

Or l’âge ne devrait pas être perçu comme un bâton dans les roues de l’entreprise mais plutôt comme l’occasion de fédérer les différents savoir-faire au sein d’une même structure. « Pour les entreprises, c’est une opportunité fantastique de tirer parti des compétences de toutes les classes d’âge et un vrai défi de gestion du capital humain de les faire travailler ensemble, de la façon la plus efficiente possible », reprend Carlos Fontelas De Carvalho.

Les femmes, toujours victimes de mauvais traitements 

Alors que plus d’une employée sur dix (12%) affirme s’être déjà sentie discriminée au travail, le rapport profite de ces chiffres pour pointer du doigt les inégalités de rémunération salariale dont sont toujours victimes les femmes. Malgré une législation de l’Union européenne catégorique sur le sujet, elles restent payées en moyenne 16,3% de moins que leurs confrères masculins en Europe. « L’égalité des salaires à travail égal est l’un des principes fondateurs de l’Union européenne, poursuit le président d’ADP France et Suisse. Il est donc choquant de constater que cette inégalité existe encore entre les femmes et les hommes. »

Des inégalités au niveau des pays européens 
Et pourtant certains pays imposent déjà aux entreprises de publier des rapports sur les écarts de rémunération entre femmes et hommes. Parmi les plus actifs en faveur de cette législation, la France arrive en première position (32% de soutien), imposant aux entreprises de plus de 50 salariés d’effectuer une analyse des écarts salariaux entre les deux sexes. Vient ensuite la Suisse (29%), suivie du Royaume-Uni qui oblige désormais les entreprises de plus de 250 salariés à publier leurs écarts de rémunération. En comparaison, les Pays-Bas sont les moins engagés dans cette démarche (8%). « La mise en place de rapports réguliers sur les niveaux de rémunération est une stratégie qui permet à tous les employeurs de faire face aux vieux préjugés qui peuvent perdurer dans le milieux professionnel et de prendre ces problèmes à bras-le-corps », analyse Carlos Fontelas De Carvalho.

Bousculer les mentalités 
Autre fait regrettable, nombreux sont ceux qui ne relèvent toujours pas le problème des inégalités de rémunération et qui estiment que leur employeur paye aussi bien femmes et hommes. Ainsi, pour plus de la moitié, les interrogés (53%) considèrent-ils que les rapports sur les écarts salariaux sont inutiles. Toutefois, certaines catégories de personnes les jugent nécessaire, notamment 25% des femmes interrogées ainsi que 28% des 25-34 ans. Enfin, parmi les autres critères discriminants, le rapport cite le parcours, le cursus, l’apparence, l’origine ethnique ainsi que la religion… Il y a encore du pain sur la planche pour venir à bout de la souffrance au travail !

Ségolène Kahn

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