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Santé et qualité de vie au travail

Deuxième vague : le numérique au secours du personnel soignant

Dans les services hospitaliers de réanimation, la charge de travail des soignants ne cesse de s’alourdir à cause de la Covid-19. Pour soulager leur charge mentale, Ascom connecte sa gestion des alarmes vitales aux équipements biomédicaux de monitoring. Objectif : surveiller en continu les fonctions vitales des malades. Et, en cas d’incident, prévenir le soignant directement sur son smartphone.

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Au service de réanimation du Centre hospitalier William Morey, la gestion des alarmes vitales d’Ascom surveille les équipements biomédicaux. © CHU William Morey

Alors que le mois de septembre touche à sa fin, l’Hexagone retient son souffle. Une deuxième vague épidémique semble « très probable », selon Santé publique France. Recrutement de personnel soignant, acquisition de matériel médical… Les hôpitaux sont sur le pied de guerre. Parmi les défis, figurent les capacités d’accueil en réanimation. Ainsi que la gestion des alarmes vitales. Sur ce point, Ascom veut alléger la charge de travail des soignants au Centre hospitalier William Morey de Chalon-sur-Saône (71). De quoi améliorer la prise en charge des patients et les conditions de travail des soignants. Retour d’expérience.

La réanimation, un service de surveillance continue

Il faut savoir que la prise en charge des patients en réanimation reste cruciale. En effet, les hôpitaux doivent gérer leur capacité d’accueil et la sécurité des patients. Entre la  vie et la mort, ces malades doivent faire l’objet d’une veille constante de leurs capacités vitales. Or, depuis une injonction de l’ARS (1) en 2012, les portes de leurs chambres doivent rester fermées et sous pression. De sorte à éviter les contaminations. Ce qui augmente les difficultés à les surveiller…

Une surveillance automatisée par les alarmes vitales

C’est là que les alarmes vitales entrent en jeu : Elles supervisent les équipements médicaux comme les moniteurs de surveillance et les respirateurs-ventilateurs. Ou encore les dialyses, les perfusions et les pompes à nutrition. En cas d’incident, le système envoie immédiatement une alarme sur le smartphone du soignant.

Alléger la charge de travail des soignants

Au Centre hospitalier William Morey, « le projet est parti des besoins en réanimation. Parmi les constats, il se révélait que les bruits d’alarme fatiguaient les soignants et perturbaient le confort des patients. Or les laisser se reposer, évite des cas de stress post-traumatique, indique Alexandre Benoist, ingénieur clinique et responsable du projet au Centre hospitalier. Notre ambition visait alors à diminuer le nombre de sollicitations du personnel infirmier. Et ce, en redirigeant automatiquement les alarmes au bon soignant sur son mobile professionnel. »

Une gestion complexe des alarmes

Or, du fait que ces alarmes surveillent un grand nombre d’appareils biomédicaux, leur gestion est particulièrement complexe. Par exemple, il y a le risque de mal identifier le son de l’équipement qui se met en alarme. Ou, pire encore, de mal comprendre les  codes couleurs qui indiquent des niveaux de priorité. Une mauvaise interprétation est alors susceptible d’entraîner le décès d’un patient.

Uniformiser appareils et alarmes

« Il a d’abord fallu uniformiser les équipements médicaux puis la gestion des alarmes dans toutes nos unités. À commencer par la réanimation, se souvient Alexandre Benoist. Car externaliser des alarmes dans une chambre de réanimation, c’est externaliser des messages d’alarmes du patient sur au minimum 5 dispositifs médicaux différents, de marques différentes… Soit autant de protocoles de communication différents qui amènent des difficultés de configuration. »

Un dispositif compatible avec les appareils Dräger

Du coup, pour externaliser les alarmes des dispositifs biomédicaux en réanimation, le centre hospitalier s’est tourné vers Ascom en 2019. « Au départ, nous avons dressé un état des lieux à l’échelle mondiale sur la problématique de l’externalisation des alarmes et des meilleurs outils technologiques disponibles, explique Stéphane Kirche, responsable de l’innovation au Cente hospitalier. Il est devenu essentiel de travailler avec Ascom qui a fait ses preuves sur ces dispositifs dans des établissements de santé à travers le monde. Mais aussi pour sa relation étroite avec notre partenaire industriel Dräger qui conçoit nos moniteurs et respirateurs. »

Un flux de données continu

À cet égard, c’est la solution Digistat d’Ascom qui a été retenue pour améliorer les conditions de travail du personnel soignant et la prise en charge des patients. Cette plateforme applicative fonctionne en association avec les smartphones professionnels Ascom Myco 2.  Elle permet d’interfacer les équipements médicaux tout en surveillant les données patients en temps réel : les flux de données migrent de la plateforme vers les différents terminaux mobiles en fonction des besoins. De quoi améliorer la réactivité des infirmiers. Lesquels prennent généralement en charge jusqu’à trois patients.

Une mise en place d’un an et demi

« En moins d’un an et demi, nous sommes devenus opérationnels, alors que l’ampleur d’un tel projet nécessite 4 à 5 ans en temps normal », se rappelle Alexandre Benoist. Juste à temps pour encaisser la première vague de l’épidémie de Covid-19 où l’établissement a dû faire face à de nouvelles contraintes. Comme augmenter la capacité d’accueil par deux de patients hautement contagieux tout en maintenant la qualité des soins existants. Pour cela, la direction a réajusté la répartition des tâches du personnel et des équipements, surtout les lits, entre les différents services.

Une unité de soins Covid

En trois jours, l’hôpital a mis en place une unité de soins continus « Covid », pilotée par Digistat. « Le 13 mars, nous avions activé la solution complète sur déjà 8 chambres supplémentaires de réanimation. La capacité d’accueil des patients est ainsi passée de 16 à 24, pour la semaine suivante. De quoi transformer une unité de soins intensifs de cardiologie en réanimation Covid et ainsi atteindre les 37 lits de réanimation. Et ce, sans que les soignants ne sentent la différence dans la manière de surveiller les patients », détaille Olivier Camuset, en charge du projet chez Ascom.

Éviter les contaminations du personnel

Parmi les enjeux, il s’agissait de parer à une éventuelle surcharge de travail liée à la gestion des données des patients. « Si le système Ascom n’existait pas, les soignants seraient obligés de s’exposer en entrant plusieurs fois par jour dans ces chambres. De se rhabiller à de nombreuses reprises, de reprendre papiers et crayons pour reporter les données à la main. Sans suivi continu de l’information en temps réel, entraînant une perte dans la qualité des soins », estime Alexandre Benoist.

Une unité de soins tampon

À l’approche de la seconde vague d’épidémie, le centre hospitalier ambitionne de sophistiquer son plan d’action biomédical. « Il s’agit de mettre en place une unité de soins tampon », indique Stéphane Kirche. Cette unité devrait bénéficier de dispositifs d’accueil de monitoring et de gestion des alarmes. De quoi rester sur le qui-vive en cas d’incident. Sans pour autant harceler les soignants.

Ségolène Kahn

(1) Agence régionale de santé

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