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Risques industriels et environnementaux

Détruire les microplastiques dans les eaux

Issus de l’Institut national de recherche scientifique (INRS), des chercheurs canadiens ont développé un traitement d’oxydation électrolytique capable d’éliminer les microplastiques. A terme, ils visent le traitement des eaux usées issues des buanderies. Et dont le lavage des vêtements en fibres synthétiques s’avère source de pollution aquatique. Un procédé intéressant pour les fabricants et loueurs de vêtements professionnels.

Des chercheurs canadiens de l’Institut national de recherche scientifique (INRS) pourraient bien avoir trouvé la solution à la pollution des eaux. L’équipe de recherche a développé une méthode inédite capable d’éliminer les microplastiques dans les eaux. Ce procédé de traitement agit par oxydation électrolytique. Pour l’heure, les tests se sont déroulés sur des eaux artificiellement contaminées en laboratoire par du polystyrène. Mais à terme, les chercheurs envisagent une expérience en eaux réelles. 

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Schéma qui illustre le traitement par oxydation électrolytique inventé par les chercheurs de l’INRS pour détruire les microplastiques.
© INRS

Un procédé qui neutralise 89 % des microplastiques

« Il s’agit d’une avancée scientifique importante, car il n’existe actuellement aucune autre façon de contrer ce contaminant dans le traitement des eaux usées », indique l’INRS qui a dévoilé son étude vendredi dans la revue scientifique internationale Environmental Pollution. En résulte un procédé capable « d’éliminer 89 % des microplastiques dans des eaux », assure le professeur Patrick Drogui, qui a dirigé l’étude de l’INRS canadien. 

Un courant électrique qui circule dans l’eau

Pour rappel, les microplastiques comme le polystyrène sont des particules d’une taille inférieure à 5 mm. Pour les neutraliser, l’INRS canadien a développé une méthode basée sur l’oxydation électrolytique. Concrètement, le traitement consiste à faire circuler dans les eaux polluées un courant électrique qui dégrade les microplastiques. « On les fait disparaître sous une forme minérale, le CO2, et sous une forme d’eau. Mais il reste encore un faible pourcentage, donc il faut continuer à optimiser le processus vers les 100 % d’élimination totale des microplastiques », estime Patrick Drogui. 

Un procédé non polluant

Selon le professeur, tout l’avantage de cette méthode, « c’est qu’on ne transfère pas la pollution ». Car de fait, cette méthode ne nécessite pas l’utilisation de produits chimiques. 

En cible, les eaux usées des buanderies

En toile de fond, l’équipe scientifique vise les eaux usées qui charrient des concentrations importantes de microplastiques. Comme en témoigne une étude parue la semaine dernière dans la revue Nature Communication. Celle-ci montre qu’une grande quantité des microplastiques retrouvés dans l’océan Arctique provient d’une même source : le lavage des vêtements en textiles synthétiques. Dont les microfibres qui s’avèrent donc à l’origine des microplastiques. Face à ce constat, le professeur Drogui souhaite donc que sa technologie soit utilisée dans les buanderies commerciales. Qu’il considère comme une des causes principales de la pollution aquatique par les microplastiques. Ce procédé intéresse donc les fabricants, loueurs et blanchisseurs de vêtement professionnels.

Un traitement à la source de la pollution

«Lorsque les eaux des buanderies commerciales arrivent à la station d’épuration des eaux usées, elles sont mélangées à de grandes quantités d’eau, ce qui dilue les polluants et les rend plus difficiles à dégrader. À l’inverse, en agissant à la source, soit à la buanderie, la concentration de microplastiques est plus élevée par litre d’eau, et donc plus accessible pour la dégradation par voie électrolytique », détaille le chercheur. 

Vers un processus étendu ? 

Après la phase de test en eaux réelles, l’équipe scientifique prévoit donc une étape concentrée sur les eaux polluées provenant de buanderies. Une fois le processus vérifié, les chercheurs canadiens espèrent implanter leur méthode dans une buanderie « d’ici quelques années ». Ensuite, ils pourront s’attaquer à d’autres industries identifiées comme des sources d’eaux polluées, comme l’agroalimentaire.

Ségolène Kahn

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