Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

Des objets connectés pour mieux prévenir les risques dans les bureaux

Encore balbutiante, l'offre dédiée à la surveillance des paramètres de confort dans les bureaux se développe en France afin de mieux préserver la santé physique et psychique des salariés.

Éclairage inadapté, qualité d’air préoccupante, niveau sonore assourdissant, confort thermique ou hydrique insuffisant… autant de maux dont se plaignent régulièrement les salariés travaillant en open space.

Une sensation d’inconfort à prendre au sérieux, sachant que de telles nuisances sont susceptibles de générer du stress et des risques psycho-sociaux (RPS), mais aussi de porter atteinte à la santé physiologique des salariés.

D’où l’intérêt des objets connectées [Internet of Things (IoT)] capables de mesurer différents paramètres relatifs au confort et à la santé des salariés dans leur environnement de travail.

75 milliards d’objets connectés en 2030

Dans son rapport sur le Consumer Electronic Show, le consultant Olivier Ezratti rappelle des chiffres du constructeur Ericsson. Ce dernier prévoit que le nombre d’objets connectés en cellulaire atteindra 3,5 milliards en 2023, avec une croissance annuelle moyenne de 30%, indépendamment des smartphones.

En 2030, ce nombre devrait même grimper à 75 milliards, chez les particuliers et dans les entreprises. La croissance de l’IoT est encore lente dans le milieu professionnel. Pour l’heure, trois entreprises sur quatre disposeraient de moins de 100 objets connectés, selon des chiffres fournis par le SIDO, un salon dédié à l’IoT, l’IA et la robotique.

Cette manifestation, qui se tiendra les 10 et 11 avril à Lyon, a coutume d’accueillir des start-up, notamment spécialisées dans la mesure du confort et du bien-être en environnement de travail.

A l’instar de Janasense, Meersens et GreenMe, présentes lors des précédentes éditions. Toutes trois conçoivent et développent des boîtiers qui transmettent les données de leurs capteurs vers un serveur distant, afin de suivre des indicateurs tels que la qualité de l’air ambiant.

Un services dédiés à la qualité de l’environnement de travail

L’offre la plus aboutie est portée par GreenMe, qui fait d’ailleurs partie des huit lauréats de la cinquième édition du « Global Innovation & Enterprise », événement organisé par The IE-Club Global 60 qui s’est tenu mi-février. Il récompense les entreprises ayant le potentiel pour devenir un « Leader Global ».

C’est d’ailleurs l’ambition de GreenMe. Créée 2012 à Aire-sur-l’Adour (Landes), la start-up, qui compte cinq personnes dont trois ingénieurs, se positionne comme le premier service dédié à la qualité de l’environnement de travail. La mesure repose sur des cubes fabriqués en France que l’on pose sur les bureaux des salariés.

Dix paramètres sont mesurés quotidiennement et transmis par le réseau sans fil LoRA jusqu’au serveur de GreenMe. Parmi les indicateurs de la qualité de l’environnement figurent le bruit, la qualité de l’air intérieur, la couleur de l’éclairage et le scintillement des lampes facteur de fatigue.

« Nous mesurons aussi le degré d’hygrométrie, sachant qu’un air trop sec peut assécher les bronches. Le risque, si la personne ne s’est pas correctement hydratée, c’est d’être plus sensible aux maladies », rapporte Alexandre Dugarry, PDG de l’entreprise qu’il a cofondée avec Aïda Berrada, directrice des opérations.

Un million de points de mesure par an

Le salarié s’exprime en agissant sur le cube ou via l’application dédiée, qui lui restitue alors son profil de confort. Par exemple, je me sens bien entre 22°C et 23°C. Idem pour le confort acoustique. De son côté, l’employeur dispose de rapports et de données délivrés par le serveur de GreenMe.

Utilisant des algorithmes d’IA, il traite un million de points de mesure par an. De quoi aider les employeurs à cartographier les zones de travail et identifier les endroits où les salariés les plus sensibles se sentiront bien.

« Pour l’heure, 2 500 cubes ont été déployés en France et à l’étranger, notamment au Luxembourg, aux Pays-Bas et en Allemagne par vente directe », explique le dirigeant qui réalise actuellement une deuxième levée de fonds (après une première de 200 000 euros). Avec le million d’euros ainsi escompté, il prévoit d’augmenter ses capacités de production et vendre davantage à l’international.

Une solution co-construite avec les entreprises

Janasense dispose d’une solution comparable à celle de GreenMe. Encore au stade de prototypes testés en entreprise, ses boîtiers mesurent la qualité des ambiances des lieux de travail et analysent les comportements de manière à identifier les pics ou les baisses d’activité. « Notre offre est en co-construction avec des entreprises.

Nous y réfléchissons depuis un an », explique Mickael Alves, le président de Janasense, PME créée fin 2016 et basée à Orléans (Loiret) qui se compose de sept personnes dont quatre développeurs et ingénieurs. L’entreprise s’est fait connaître à l’origine avec une offre, en cours de finalisation, dédiée à l’accompagnement des personnes vulnérables résidant dans des structures d’accueil.

Les premiers boîtiers dédiés à la surveillance de ces personnes devraient sortir au second semestre, tandis que l’offre dédiée aux entreprises verra le jour fin 2019 ou début 2020.

Le boîtier détecte aussi des niveaux d'activité dans les différentes zones de l'entreprise. © Janasense
Le boîtier détecte aussi des niveaux d’activité
dans les différentes zones de l’entreprise.
© Janasense

Des biocapteurs sur un boîtier connecté

A l’instar de Janasense, l’offre de Meersens s’adresse aux particuliers comme aux entreprises, avec sa solution modulaire et nomade dédiée à la surveillance de l’environnement et de la santé. Elle repose sur une application gratuite pour smartphone que l’on couple par bluetooth à un boîtier baptisé « mBox ».

De la taille d’un téléphone, ce dernier accueille des biocapteurs utilisables pendant six à douze mois. L’utilisateur peut ainsi mesurer et identifier les risques dans son environnement immédiat, au bureau, à la maison, dans un parc, etc.

« Parmi les paramètres mesurés, il y a la qualité de l’air et de l’eau, la présence de particules, les UV, les ondes électromagnétiques, les pesticides et les allergènes », précise Julie Fessy, responsable communication.

Communauté d’utilisateurs

Créée en 2017 par Morane Rey-Huet et Louis Stockreisser, cette start-up lyonnaise de huit personnes, dont sept ingénieurs, se présente comme la sentinelle du bien-être et de l’environnement. Elle s’est d’ailleurs vu remettre plusieurs récompenses à Las Vegas en 2019.

A savoir, l’Innovation Award du CES 2019 dans la catégorie « Tech pour un Monde Meilleur » et le prix de la Meilleure Solution B2B2C par Air France. Au plan technique, son serveur est alimenté par les différentes bases de données délivrées notamment par des collectivités et par l’utilisateur de l’application.

A l’instar de Waze, la célèbre application de navigation routière, chacun peut alerter la communauté s’il est confronté à un événement polluant comme la présence alarmante de pollen ou de particules. Les alarmes s’affichent sur la carte en fonction de la sensibilité aux risques indiqués par l’utilisateur.

Pour l’heure une centaine de mBox ont été diffusées pour un bêta test. Meersens prévoit d’en produire un millier d’ici la fin de l’été. Les entreprises pourront donc s’en procurer pour évaluer les risques à l’intérieur des bureaux. Les gestionnaires auront alors accès à des tableaux de bord, des conseil et des recommandations pour améliorer la qualité de vie au travail.

Eliane Kan

L'application indique les risques en fonction du profil de l'utilisateur. © Meersens
L’application indique les risques
en fonction du profil de l’utilisateur.
© Meersens

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