Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Sûreté et sécurité

Delphine Arias-Buffard (Deveryware) : « J'ai suivi pendant un an une formation au pilotage et à la gestion de crise »

Interview de la  directrice des relations institutionnelles de Deveryware qui a bénéficié d'une formation dispensée par le Haut comité français de la Défense civile (HCFDC). L'occasion de rencontrer les acteurs de son écosystème. Un atout indéniable pour l'entreprise qui s'apprête à lancer une nouvelle offre de service sur Internet, dédiée aux autorités en charge de gérer les situations de crise.

En quoi consiste le métier de votre entreprise et qui sont vos clients ? 

Deveryware est une PME française de 70 salariés qui a été créée en 2003. Nous délivrons des services basés sur la géolocalisation. Historiquement, nous avons démarré sur des problématiques de sécurité publique avant de nous intéresser à la sécurité civile qui recouvre la protection et le secours des populations. Dans ce cadre, nous avons pour interlocuteur les services de l’État, les collectivités territoriales, les opérateurs d’importance vitale (OIV) ainsi que les entreprises qui délivrent des alertes et des information aux populations.

En matière de gestion de crise, sur quelle nouvelle technologie travaillez-vous ? 

Dans le cadre d’un projet européen, nous avons développé une solution d’alerte géolocalisée pour smartphone. Une fois l’application « Notico » téléchargée par la population, elle permet à une autorité publique d’émettre une alerte sonore et textuelle pour prévenir d’un incendie, d’une menace d’attentat, etc, et indiquer aux personnes concernées quel comportement adopter. Comme les portables sont géolocalisés, seules les personnes qui se trouvent dans le périmètre circonscrit par l’autorité (par exemple quelques dizaines de mètres autour de l’événement) seront prévenues. Ce qui évite d’alerter inutilement celles situées en dehors de la zone de menace. En outre, contrairement à une sirène, notre service « Notico – My Public Alert » indique si le message a bien été lu par le bon destinataire et si ce dernier l’a bien compris. Autre avantage, à la différence d’un SMS, le contenu n’est pas limité, on peut y inclure des liens, des vidéos, etc. Ajoutons que, même si le téléphone est en veille ou sur vibreur, le destinataire recevra une notification sonore ! Notre service intéresse aussi bien les collectivités locales et les services de l’État que les fournisseurs d’informations sensibles comme Météo France, l’Info-trafic, Alerte enlèvement, etc.

Où en sont les développements de votre service  »Notico – My Public Alert » ? 

Nous sommes en train de réaliser des pilotes afin de nous assurer que nos développements entreront dans les protocoles de nos utilisateurs finaux. L’application devrait être lancée à l’été 2016.

Vous avez suivi pendant un an une formation au pilotage et à la gestion de crise au sein du Haut comité français de la Défense civile (HCFDC). Quelle était votre attente et comment s’est déroulée cette formation ?

Pour innover, il faut bien comprendre les besoins de nos utilisateurs finaux. La formation au pilotage et à la gestion de crise m’a donné l’opportunité de rencontrer des représentants de l’administration, des collectivités, d’entreprises de sécurité et diverses institutions. Cela m’a permis d’acquérir une vue globale sur les risques et les menaces systémiques. Mais aussi d’étudier la continuité d’activité, le management des situations de crise et leur communication. Cette formation a duré de janvier à décembre sous la forme de 10 modules d’une durée de trois jours par mois et s’est déroulée principalement en France mais nous avons également participé à des voyages d’études à Bruxelles et en Suisse.

Quels en ont été les moments les plus forts ?

La formation a été ponctuée par un exercice grandeur nature durant lequel nous avons simulé pendant 36 heures non stop une situation de crise en Corse avec une attaque de terroristes suivie d’un séisme. Cet exercice a été mené en partenariat avec des militaires et des pompiers du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de Haute-Corse. J’ai notamment endossé le rôle d’une négociatrice du GIGN. Nous étions épaulés par des professionnels du GIGN et du Raid qui expliquaient comment négocier, créer de l’empathie avec mes interlocuteurs afin de gagner leur confiance. C’était fatiguant mais très stimulant.

Quel principal enseignement en retirez-vous ? 

J’avais déjà travaillé sur la partie sécurité civile lors d’une précédente expérience professionnelle. Cette formation m’a permis de mieux connaître mon écosystème, de comprendre ses besoins de manière à mieux y répondre. Parallèlement à l’apport professionnel, j’ai pu tester mes propres limites en termes de résistance au stress et de capacité à prendre des décisions stratégiques dès l’instant que des vies humaines sont en jeu. On ne réalise pas, tant qu’on ne l’a pas vécu, à quel point il est compliqué de rester maître de soi durant de tels événements.

© Propos recueillis par Eliane Kan

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