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Santé et qualité de vie au travail

Cancer du bitume : l’INRS publie deux dépliants de prévention des risques

Les fumées du bitume utilisé pour les revêtements de routes ont été classées comme possiblement cancérogènes pour l’homme en 2011. Depuis, les fédérations professionnelles et institutions de prévention ont saisi le problème à bras-le-corps pour développer de meilleures pratiques. En résultent deux dépliants qui viennent d’être présentés par l’INRS.

La construction et l’entretien des routes figurent parmi les métiers les plus difficiles : qu’il pleuve ou qu’il vente, les ouvriers sont soumis à des postures pénibles mais, surtout, ils sont exposés à des substances très nocives. Principalement lors de la manipulation des enrobés bitumineux et d’asphaltage qui, dès qu’ils sont chauffés, produisent des fumées toxiques.

Danger respiratoire et cutané
Susceptibles de contenir des hydrocarbures aromatiques polycycliques, ces fumées présentent un caractère irritant pour les voies respiratoires (maladies respiratoires) mais aussi pour la peau. Pis encore, en 2011, le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) a démontré que ces émanations étaient possiblement cancérogènes (catégorie 2B).

5 000 personnes exposées
Un risque d’autant plus élevé que le secteur de l’industrie routière rassemble près de 80 000 personnes qui façonnent le million de kilomètre de routes construites chaque année en France. Comme le rappelle l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), parmi ces travailleurs, 5 000 personnes sont chargées des opérations d’asphaltage et sont donc directement soumises à ces expositions.

Les organismes se mobilisent contre les maladies bitume
Depuis que la sonnette d’alarme a été tirée, les organismes maîtres de la prévention en France, à savoir la direction générale du travail (DGT, l’Assurance maladie, l’INRS, l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP), le Groupement national multidisciplinaire de santé au travail dans le BTP (GNMSTBTP) et Routes de France, se sont fédérés pour travailler sur de nouvelles solutions.

Imposer des températures de chauffe plus basses
Deux nouveaux dépliants viennent justement de paraître, visant à informer les patrons d’entreprise de BTP et les chefs de chantier sur les risques liés à la fumée de bitume, aussi bien par l’inhalation que par contact cutané. Outre la dénonciation de ce danger, les documents divulguent des conseils de prévention : sachant que plus la température de chauffe des enrobés bitumineux grimpe, plus la quantité de fumées émises est importante. Du coup, il s’agirait logiquement « d’abaisser la température d’utilisation de ces enrobés dans une fourchette de 10°C à 25°C », estime Cosmin Patrascu, expert en risque chimique à l’INRS.

Aspirer la fumée
Les organismes estiment qu’il faudrait équiper les finisseurs (machines appliquant les enrobés bitumineux sur les chaussées) de dispositifs de captage des fumées. « L’intégration de tels dispositifs dès la fabrication des machines permet également la prise en compte d’autres risques : bruit, encombrement, visibilité », précise l’expert. A cela s’ajoute évidemment l’obligation de port d’équipements de protection individuels adéquats…

Une nouvelle norme d’ici 2019
Un problème subsiste : il n’existe aucun site de fabrication de finisseurs en France. Difficile donc d’imposer aux fabricants internationaux d’améliorer leurs machines. Néanmoins, pour les convaincre, l’Assurance maladie, l’INRS, la DGT et les syndicats professionnels ont déposé une demande auprès de l’Organisation internationale de normalisation afin de modifier à leur convenance les exigences des normes existantes. Du coup, les partenaires estiment que dès 2019, « des standards devraient paraître au sein de la collection des normes internationales sur les machines mobiles pour la construction de routes afin d’intégrer les dispositifs en question. »

Ségolène Kahn

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