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Risques industriels et environnementaux

Avec ses drones, Donecle automatise l'inspection des avions frappés par la foudre

Cette startup française va aider les compagnies aériennes à réaliser de substantielles économies. Son cofondateur, Matthieu Claybrough, vient d'ailleurs d'être distingué par la MIT Technology Review pour avoir notamment développé une technologie de positionnement des drones par laser qui pallie l'absence de GPS à l'intérieur des hangars. De quoi faciliter l'inspection de sécurité des très grands objets.

Les drones volants tissent leur toile dans des domaines où on ne les attend pas forcément. C’est le cas notamment de l’inspection des avions touchés par la foudre. Ce phénomène arrive à chaque appareil en moyenne une fois par an. « Le contrôle inopiné des avions impactés par la foudre coûte plusieurs dizaine de milliers d’euros aux compagnies aériennes », rapporte Yann Bruner, PDG de Donecle, une startup qu’il a fondée en septembre dernier avec Matthieu Claybrough. Cet ancien ingénieur de Thalès fait partie des 10 Français distingués la semaine dernière par la MIT Technology Review, la prestigieuse revue du Massachusetts Institute of Technology. Cette dernière distingue chaque année les meilleures innovateurs de moins de 35 ans. Le prix remporté, lors du chapitre français de cette compétition internationale, par Matthieu Claybrough, cofondateur et responsable technique de Donecle, s’ajoute au Prix Jeune Entrepreneur de La Tribune et BNP Paribas qu’il a reçu quelques jours auparavant.

Ces récompenses viennent, entre autres, saluer la technologie de positionnement des drones par laser développé par cet ingénieur. De quoi leur permettre de voler aussi bien à l’extérieur, sur le tarmac, qu’à l’intérieur d’un hangar. Point fort, vingt minutes suffisent au drone de Donecle pour inspecter un Airbus A 380 contre huit heures habituellement. « Sachant que chaque heure d’immobilisation coûte 10 000 dollars, les compagnies aériennes vont réaliser de substantielles économies », indique Yann Bruner à qui revient cette idée.

A l’origine, le PDG de Donecle était ingénieur au bureau d’études chez Airbus où il travaillait notamment comme responsable des essais statiques du tronçon central, la partie du fuselage à l’interface avec la voilure de l’A 350. C’est à cette occasion qu’il a constaté l’absence d’outillage pour accéder rapidement à la partie haute de l’avion. La seule solution est de recourir à des plates-formes à nacelle élévatrice. Ces moyens n’étant pas complètement sûrs, ils réclament d’avoir des autorisations administratives qui sont longues à obtenir. D’où l’idée de Yann Bruner d’imaginer une solution d’inspection automatique au moyen de drones volants pour cette application.

Ce dernier s’est rapproché en 2011-2012 de Matthieu Claybrough, alors ingénieur chez Thales et spécialisé dans les lois de pilotage. C’est lui qui s’est chargé de développer, sur son temps libre, le système de positionnement par laser. Grâce à quoi, il n’est pas nécessaire de recourir à des balises ou à des caméras pour faire voler le drone à l’intérieur d’un bâtiment. Le système de positionnement par laser a d’ailleurs été breveté. Idem pour le vol d’un essaim de drones dédiés à l’inspection de grandes structures. « Grâce à ce système, nous pouvons inspecter aussi bien des avions que de très grandes structures comme un tunnelier, une éolienne ou encore un hélicoptère », fait valoir Yann Bruner.

Actuellement, le drone en est encore à l’état de prototype. Il détecte automatiquement les impacts de foudre sur l’avion grâce à une caméra intelligente réalisée pour cette application. Équipé de ce système vidéo, le drone sait détecter, localiser et caractériser le dommage de manière autonome. Il est uniquement supervisé par un pilote qui n’intervient pas dans l’exécution de la mission de manière à ne pas générer d’erreur. Les données obtenues par le drone sont fusionnées ensuite avec le logiciel développé par Donecle et consultable sur la tablette livrée avec l’engin volant. Ce qui permet de fournir aux propriétaires du drone des « données clés ». c’est à dire l’endroit précis où se situe l’impact de la foudre. « Dans 99% des cas après une inspection, l’avion peut voler à nouveau car les dommages sont bénins », souligne d’ailleurs le PDG qui a obtenu l’homologation de son drone. Des démonstrations ont été menées devant de futurs clients, c’est à dire des compagnies aériennes ayant une activité interne de maintenance. « Les préséries produites en France seront disponibles dès cet été et la vente des premiers appareils devrait démarrer avant la fin 2016 », indique Yann Bruner qui, pour financer le développement de son activité, cherche à lever 1,5 million d’euros auprès de différents fonds d’investissement et des Business Angels.

Eliane Kan

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