Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Sûreté et sécurité

Avec la brigade numérique, les forces de l'ordre entament leur mue digitale

Animée par une vingtaine d'officiers et sous-officiers de la gendarmerie ainsi que des réservistes, cette plate-forme est accessible 24h/24 pour des demandes non urgentes. Sa mission consiste notamment à améliorer « la qualité » du service rendu. Notamment par la dématérialisation de certaines procédures. À commencer par les plaintes contre les escroqueries en ligne ou à la carte bancaire.

Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, a procédé ce mardi 27 février au lancement de la première brigade numérique. Cette plate-forme disponible en plusieurs langues (français, anglais, espagnol, italien et allemand) est accessible 24h/24 et 7 jours/7. « Concrètement, cela signifie que dès aujourd’hui, nos concitoyens qui souhaitent entrer en contact avec nos forces de sécurité, soit parce qu’ils ont une interrogation sur une démarche à suivre, soit parce qu’ils ont été victimes d’une infraction, peuvent le faire à tout moment et n’importe où, via leur ordinateur, leur tablette ou leur smartphone », explique le ministre. Il leur suffira de se rendre sur le site internet de la gendarmerie nationale, sur Facebook ou sur Twitter, et de poser leur question.

Des gendarmes volontaires choisis pour leurs compétences
Dès lors, ils seront pris en charge par un des 20 « gendarmes numériques » (1 officier et 19 sous-officiers) en charge de les renseigner, les conseiller et les orienter. Tous volontaires, ces personnels ont été choisis pour leurs compétences linguistiques et leurs connaissances de certains domaines comme la prévention en matière de stupéfiants, les atteintes à l’environnement et à la santé publique, l’intelligence économique, les violences intra-familiales, etc. Installée à Rennes, l’équipe sera assistée par des réservistes formés spécifiquement à ce métier. Par ailleurs, la plateforme donne accès à une foire aux questions de 600 entrées pour faciliter leur travail.

85.000 déplacements évités
Pour les démarches du quotidien, ce sera un gain de temps considérable. Notamment pour établir une procuration. La personne demandeuse pourra se voir conseiller des horaires privilégiés et, demain, sera même redirigée vers le service de procuration en ligne qui sera mis en service horizon 2021. La création de cette brigade ne met évidemment pas fin aux urgences qui continueront à relever du 112 et du 17. Les victimes de délit ou de crime devront toujours se déplacer au commissariat ou à la gendarmerie. En revanche, la brigade numérique va améliorer l’accueil des victimes. Par exemple, plutôt que de devoir subir de longues files d’attente, une personne victime d’une infraction, se verra proposer un rendez-vous spécifique pour le recueil de sa plainte. S’agissant des escroqueries en ligne ou à la carte bancaire, les procédures pourront être totalement numérisées. La victime qui s’adressera à la brigade numérique sera ainsi dirigée vers les services Thesee (escroquerie) et Perceval (carte bancaire) qui vont prochainement intégrer la plainte en ligne. Ces services devraient éviter 85.000 déplacements dans les commissariats. Si la brigade numérique n’a pas vocation à recevoir des plaintes, en revanche, dans le cadre du « guichet unique », ses personnels, détenteurs d’une habilitation judiciaire, pourront se saisir des faits constituant des infractions pénales dont ils auront connaissance et les transmettre si nécessaire.

Un des piliers de la Police de sécurité du quotidien
La brigade numérique constitue un des piliers de la Police de sécurité du quotidien lancée le 8 février dernier. Gérard Collomb en a profité pour faire un point de situation en rappelant qu’il est prévu d’équiper les forces de l’ordre de 110.000 tablettes Neo. 60.000 d’entre elles ont d’ores et déjà été attribuées aux gendarmes et 30.000 aux policiers. Ces derniers recevront les 20.000 restantes d’ici 2020. Grâce à de tels outils, un contrôle d’identité prend désormais moins de quinze minutes. Dans un autre registre, ces appareils permettront demain de payer directement les amendes instaurées dans le cadre de la forfaitisation de certains délits. Un autre axe d’action fort est le développement des caméra-piétons. 2.500 ont été déployées chez les policiers et les gendarmes. « Nous multiplierons leur nombre par cinq », annonce le ministre de l’Intérieur. Loin d’être de simples gadgets, ces caméras changent profondément le rapport entre forces de sécurité et forces de population. Sachant la scène filmée, la personne interpellée se montre souvent plus calme tandis que le policier et le gendarme sont, de leur côté, plus sereins. En matière de lutte contre la cybercriminalité, de nouveaux moyens seront mobilisés. Soit 826 cyberpatrouilleurs plus 800 personnels dédiés. Enfin, une stratégie de lutte sur 5 ans devrait être annoncée d’ici l’été 2018.

Eliane Kan

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