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Sûreté et sécurité

Attentats terroristes à Paris et Saint-Denis : état d'urgence et projet de révision de la Constitution

129 morts, 352 blessés dont 90 en état ''d'urgence absolue'', les 8 attentats terroristes perpétrés ce vendredi 13 novembre à Saint-Denis et à Paris ont été revendiqué par Daech. C'est la pire attaque terroriste qu'ait jamais connue la France. Le Président de la République a immédiatement décrété l'état d'urgence.

C’est la guerre, entend-on sur toutes les chaînes TV et radios d’information continue depuis ce vendredi 13 novembre au soir. En 8 endroits différents, d’abord à Saint-Denis (93) où François Hollande assistait à un match amical France-Allemagne, puis à Paris dans les 10e et 11e arrondissements de la capitale, trois équipes de terroristes se réclamant de Daech ont massacré 129 personnes. On compte 352 blessés dont 90 en « en urgence absolue ». Rien qu’au Bataclan, haut lieu de la scène Rock parisienne, on dénombre pas loin d’une centaine de morts. Un carnage. Samedi, le président de la République a décrété l’état d’urgence.

Sept assaillants sont morts, selon François Molins, le procureur de Paris, dans cette série d’attaques, menées « très vraisemblablement [par] trois équipes de terroristes » ciblant les spectateurs d’un concert de rock au Bataclan, des consommateurs attablés à des terrasses de cafés et restaurants du centre de la capitale et près du Stade de France, au nord de Paris. Au cours des dernières 48 heures, 104 assignations à résidence ont été prononcées et 168 perquisitions administratives ont été menées dans 19 départements. 23 individus ont été interpellés, 31 armes ont été saisies. Dans le Rhône, une perquisition a permis la découverte d’un fusil d’assaut kalachnikov et d’un lance-roquettes. Sur les sept terroristes, quatre ont été identifiés.

Le premier kamikaze, Ismaël Omar Mostefaï, avait été identifié dès samedi grâce à l’empreinte capillaire d’un doigt sectionné dans le carnage du Bataclan. Il s’agit d’un Français de 29 ans natif de Courcouronnes (Essonne) qui vivait ces dernières années dans le quartier de la Madeleine, à Chartres (Eure-et-Loir). Il avait fait l’objet d’une  »fiche S » pour radicalisation en 2010, mais n’avait jamais été impliqué dans un dossier terroriste, ainsi que l’a précisé François Molins. Il aurait séjourné en Syrie entre l’automne 2013 et le printemps 2014. A son retour à Chartres, il a été observé lors de surveillances d’un petit groupe de salafistes par les services de renseignement. Samedi en fin de journée, son frère et son père ont été placés en garde à vue, et leurs domiciles respectifs ont été perquisitionnés à des fins de vérification. Sept personnes de son entourage ont été placées en garde à vue à Bondoufle (Essonne) et à Romilly-sur-Seine (Aube). Des gardes à vue de routine qui, cependant, ne préjugent en rien de leur implication dans les attaques. Dimanche, deux autres kamikazes ont été identifiés. A savoir Bilal Hadfi, 20 ans, l’auteur de l’un des attentats-suicides commis à proximité du Stade de France. Il avait combattu en Syrie avec Daech. L’autre est Brahim Abdeslam, 31 ans, qui s’est fait exploser sur le boulevard Voltaire dans le 11e arrondissement.
Outre Brahim Abdeslam, les enquêteurs français s’intéressent à ses deux autres frères, Français résidant en Belgique : Salah Abdeslam, 26 ans, présent à Paris au moment des attaques, fait, pour sa part, l’objet d’un mandat d’arrêt international. C’est lui qui a loué la Polo noire pour se rendre au Bataclan. Il aurait peut-être participé aux fusillades dans les 10e et 11e arrondissements. Contrôlé samedi matin dans une Golf noire par la police française à Cambrai (Nord) dans le cadre des contrôles renforcés aux frontières, il n’a pas été interpellé et les deux passagers de sa voiture non plus. En effet, l’homme n’était pas fiché et les enquêteurs n’étaient pas encore sur sa trace. Quand les policiers belges ont à nouveau arrêté la Golf noire, à Molenbeek-Saint-Jean, une commune bruxelloise, il n’était plus à l’intérieur. La garde à vue du troisième frère, Mohamed Abdeslam, interpellé en Belgique, a été prolongée dimanche. Ce lundi matin, une vaste opération de la police belge à Molenbeek visait à appréhender Salah Abdeslam. Elle s’est terminée en début d’après-midi, et personne n’a été interpellé, selon le porte-parole du parquet belge.
Quant au quatrième kamikaze identifié, il s’agit, d’après, François Molins, de Samy Amimour, né le 15 octobre 1987 à Paris, originaire de Drancy (Seine-Saint-Denis). Il faisait partie de l’équipe du Stade de France et était connu de la justice antiterroriste après avoir été mis en examen le 19 octobre 2012 pour association de malfaiteurs en liaison avec une entreprise terroriste et placé sous contrôle judiciaire par la suite. A l’automne 2013, il avait violé ce contrôle judiciaire, un mandat d’arrêt international avait alors été délivré.
Ce lundi, le Président de la République a convoqué les deux chambres du Parlement et a fait appel à une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. « D’ici là, la France intensifiera ses frappes contre Daech », a-t-il déclaré. François Hollande a par ailleurs affirmé que « l’ennemi de la France » en Syrie était l’Etat islamique. Dès dimanche soir, l’Armée française a d’ailleurs commencé à bombarder le fief de Rakka. Le président français a annoncé qu’il rencontrerait Barack Obama et Vladimir Poutine afin de créer une force d’intervention commune, tout en maintenant la ligne vis-à-vis du dirigeant syrien : « En Syrie, nous cherchons inlassablement une solution politique dans laquelle Bachar Al-Assad ne peut constituer l’issue. Mais notre ennemi en Syrie c’est Daech. »
Par ailleurs, sachant que l’état d’urgence, entré en vigueur dès samedi à minuit, ne peut être prolongé au-delà de douze jours que par la loi, François Hollande a confirmé, lundi, la volonté du gouvernement de présenter un projet de loi mercredi en conseil des ministres afin de le prolonger pour trois mois. A cet égard, le président veut faire évoluer cette loi créée lors de la guerre d’Algérie. Au-delà de l’état d’urgence, le président veut également procéder à une modification de la Constitution. Il estime que l’article 36, qui organise l’état de siège, et l’article 16, déclaré en cas de péril imminent, d’insurrection armée ou d’attaque étrangère, ne sont plus adaptés à la situation actuelle : « Nous sommes en guerre, cette guerre d’un autre type appelle un régime constitutionnel permettant de gérer l’état de crise. »

Erick Haehnsen

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