Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

Assurances et mutuelles : la prévention pour baisser les frais de santé des salariés

Face à l'augmentation des primes de contrat, les entreprises n'auront pas d'autres alternatives que de veiller sur la santé de leurs collaborateurs pour maîtriser leurs coûts. Dans cette perspective, assureurs et mutuelles leur proposent des programmes de prévention au travail.

Depuis le 1er janvier 2016, toutes les entreprises du secteur privé proposent à leurs salariés une couverture de santé prenant en charge le ticket modérateur, les frais dentaires et optiques ainsi que le forfait hospitalier. Ces dépenses, ajoutées aux autres frais de la protection sociale complémentaire tels que l’incapacité, la prévoyance, etc, représentent en moyenne 3% à 4% de la masse salariale des entreprises. Or, ce coût est appelé à augmenter. En 2018, dans le cadre des contrats de renouvellement, les assureurs et les mutualistes ont demandé une majoration dite « portefeuille » de l’ordre de 4% à 5% en moyenne sur les frais, tant de santé que de prévoyance. « Principales raisons de ces majorations, la hausse du forfait hospitalier et du médecin traitant, la dérive en 2016 des accidents du travail fixée à 3% par l’assurance maladie », expliquait Anne André, directeur général délégué de la BU Conseil chez l’assureur Groupe Henner, lors de son intervention aux 26èmes Rencontres du Risk Management 2018.

Des programmes de prévention pour préserver le capital santé
Pour diminuer les primes d’assurance, les entreprises n’ont pas d’autres ressources que d’agir en amont afin de préserver la santé des salariés. Un enjeu bien compris par les assureurs, mutuelles et institutions de prévoyance qui les incitent à faire de la prévention un axe stratégique. Le groupe mutualiste Aesio a ainsi conclu en automne dernier un accord de partenariat avec l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) afin de promouvoir la prévention des risques professionnels au sein des branches et des entreprises. Par ailleurs, la plupart des acteurs du marché de la santé et des assurances comme Generali, Harmonie Mutuelle, Malakoff Médéric, ou encore Apicil ont lancé des solutions et des programmes de prévention afin de les aider à préserver la santé et le bien-être des salariés. Mais aussi pour diminuer l’absentéisme, améliorer la productivité et attirer les talents. A titre d’exemple, Malakoff Médéric a mis en accès libre un outil en ligne d’autodiagnostic santé et sécurité. Moins de 20 minutes suffisent pour effectuer ce diagnostic qui permet d’obtenir des conseils pratiques, identifier des pistes et se comparer avec d’autres organisations de taille et de secteur identiques. Dès le premier salarié, l’employeur sait quelles sont ses obligations légales et actualise son Document unique. De son côté, l’offre de Henner s’articule autour de 16 services correspondant à quatre domaines d’action. A savoir, le suivi médical, le bien-être, les addictions et le dépistage, notamment des cancers cutanés et de maladies cardio-vasculaires.

Une étude en cours
Si le ROI des démarches de prévention a déjà été démontré aux États-Unis et au Canada, les chiffres manquent en France. D’où l’intérêt de l’étude menée par la chaire Apicil « Santé & Performance au travail » créée conjointement par EM Lyon Business School et Apicil, 4e groupe français de protection sociale. Des entreprises déjà engagées dans une démarche de prévention ont accepté de participer à cette étude sur la santé au travail et la performance collective (STPC) menée par Guillaume Soenen. Ce chercheur a développé une application permettant de mesurer le capital santé en interrogeant quelques dizaines de milliers de salariés sur leur santé mentale, physique et sociale. En contre-partie, ces derniers ont accès aux informations relatives à leur capital santé. Idem pour les employeurs qui peuvent aussi mesurer l’impact de leurs actions. Ce programme de recherche, déployé à l’échelle nationale depuis 2017 doit aboutir début 2020.

Des offres de services délivrées par un réseau de partenaires
« L’objectif est de faire le lien entre le capital santé des salariés et la performance de l’entreprise, mais aussi de déterminer la pertinence des démarches et actions pour améliorer le capital santé des collaborateurs », résume Catherine d’Aléo, directrice du développement de la performance sociale chez Apicil. Ce groupe propose depuis 2016 un programme de prévention baptisé Ambition Santé, basé sur un diagnostic du capital santé des collaborateurs et un accompagnement à la construction de plan d’actions. Plusieurs entreprises se sont lancées dans la démarche qui a été co-construite avec des clients d’Apicil. Ce programme est associé à des offres de services délivrées par un réseau de partenaires. Elles portent sur des actions de prévention en lien avec le management et l’organisation du travail avec, par exemple, des ateliers de résolution de conflits ou des espaces de discussion sur le travail. Des actions de formation et de sensibilisation sont également proposées. Celles-ci concernent l’hygiène de vie, la santé physique, la prévention du risque cardiovasculaire ou l’environnement de travail.

Plateforme de e-learning
Même démarche du côté d’Harmonie Mutuelle, qui se décline sur quatre axes majeurs. Le premier vise à prévenir les risques professionnels et favoriser l’employabilité des salariés, le second à les aider à gérer leur capital santé. Tandis que le troisième consiste à concilier vie professionnelle et vie personnelle. Quant au quatrième axe, il concerne le pilotage de la prévention. Trois modes d’intervention sont disponibles : la sensibilisation via des campagnes d’information santé, la formation par des ateliers pratiques ou encore des modules de e-learning et un accompagnement via une plateforme de services téléphoniques et digitaux.

Eliane Kan

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