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Santé et qualité de vie au travail

Artisans du BTP : un état de santé de plus en plus préoccupant

Fatigue, stress, burn-out, santé détériorée... au travers de leur 4e baromètre ARTI Santé BTP, la Capeb, la CNATP et l’IRIS-ST tirent la sonnette d’alarme sur la dégradation des conditions de travail et de la santé des artisans.

Inquiétudes face à l’avenir, charges administratives pesantes, travail éreintant, concurrence déloyale, contraintes de délais, problèmes de trésorerie… le quotidien est bien difficile pour les artisans du BTP qui gèrent leur propre entreprise. A tel point que c’est leur santé qui finit par être sacrifiée. En témoignent les chiffres inquiétants du 4e baromètre ARTI Santé BTP réalisé conjointement par la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), la Chambre nationale des artisans des travaux publics et paysagistes (CNATP) ainsi que L’Institut de recherche et d’innovation sur la santé et la sécurité au travail (IRIS-ST). Cette enquête nationale révèle que 39% des artisans s’estiment en mauvaise santé. Un chiffre qui a augmenté de 10 points en seulement un an…

Un secteur en meilleure santé… sauf pour ses dirigeants
« Les voyants sont au rouge en ce qui concerne l’état de santé des artisans », met en garde Patrick Liébus, président de la Capeb. Pour se rendre compte d’une telle dégradation, les trois organismes ont interrogé chaque année depuis 2015, un panel de 2 200 artisans. Du côté de la Capeb, on estime que cette détérioration est liée au fait que le secteur du BTP a bénéficié d’un coup de boost de son activité. Une aubaine pour l’économie, certes, mais cette embellie a déclenché un phénomène de contre-coup auprès des petites entreprises. « Il faut reconstituer la trésorerie et les marges ne sont pas encore significatives. A cela s’ajoute la difficulté de recrutement de personnel qualifié pour assurer les chantiers. Les artisans sont ainsi stressés et surmenés. Ce qui se répercute sur leur vie personnelle et leur hygiène de vie », explique Patrick Liébus.

Fatigue, stress, TMS
Les conséquences ne se sont pas fait attendre : fatigue pour 52% des interrogés, troubles émotionnels tels que la nervosité (24%), l’irritabilité et les angoisses (23%) mais aussi douleurs musculaires 68%. Seul point positif, ces dernières sont en baisse de 10% depuis 2015, du fait que les artisans sont de plus en plus soucieux d’adopter les bonnes postures pour limiter les TMS.

60 heures de travail par semaine
Premier constat, avec la reprise du secteur, les rythmes de travail hebdomadaires se sont accrus, les horaires passant à 50 heures par semaine pour 63% et même jusqu’à 60 heures pour un quart des sondés ! Dans ce contexte, il semblerait que le nombre d’heures effectuées par le patron soit directement proportionnel à la taille de l’entreprise. « On constate qu’un écart se creuse dès lors que les entreprises ont plus de 5 salariés. Les dirigeants de 6 à 10 salariés, de 11 à 15 et de 16 à 20 salariés sont respectivement 36%, 41% et 52% à travailler plus de 60 heures par semaine. Contre 19% pour les dirigeants travaillant seuls », observe le rapport.

Le risque du burn-out
Autre fait inquiétant : le stress semble faire des ravages parmi les artisans du BTP. En effet, 58% se sentent souvent voire très souvent stressés. Avec pour conséquence une détérioration de la qualité du sommeil. Ereintés par la fatigue, ces artisans en viennent à présenter des symptômes d’épuisement professionnel, voire de burn-out pour 37% d’entre eux. « En plus du travail sur les chantiers, la charge administrative excessive pèse lourdement sur les artisans du BTP et occasionne un stress toxique. Il est urgent et essentiel d’alléger cet aspect de leur quotidien, au lieu de quoi, on veut leur imposer de nouvelles tâches telles que le prélèvement de l’impôt à la source. Je souhaite que les résultats de notre baromètre puissent créer un électrochoc et conduire à un choc de simplification », martèle le président de la Capeb. Malgré tout, les chefs d’entreprises artisanales semblent avoir à cœur de rester optimistes : 50% s’estiment confiants vis-à-vis de l’avenir de leur activité (contre 30% en 2016). D’autant que 60% d’entre eux ont vu leur activité progresser en 2017.

Ségolène Kahn

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