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Santé et qualité de vie au travail

Antony Rouhban (Akiros) : « Calibrer le dispositif médical connecté à la morphologie de chaque patient grâce à un diagnostic préalable »

Co-fondateur de la start-up Akiros, cet ingénieur biomédical est en train de concevoir un dispositif intelligent capable de détecter et de corriger les mauvaises postures au travail afin de soulager les problèmes de dos. Il a bénéficié de l'aide du Laboratoire de biomécanique et bio-ingénierie du CNRS et du concours de l'Institut de thérapie manuelle de Paris.

Quel est votre projet ?
Nous sommes en train de concevoir un vêtement intelligent de santé destiné à analyser la posture des patients au travail et à la corriger. Ce dispositif médical concerne notamment les personnes qui adoptent des mauvaises postures au travail. Dos voûté, épaules contractées, gestes répétitifs, immobilité prolongée, sont autant de mauvaises habitudes qui sont susceptibles de provoquer à long-terme des problèmes de dos (dos rond, TMS, lombalgies, cervicalgies etc). Personnellement, je souffre moi-même d’un dos rond. Je deviendrai donc le premier utilisateur de ce dispositif.
Comment ce dispositif fonctionne-t-il ?
Le vêtement embarque à son bord un dispositif électronique chargé de deux actions. La première prend la position de certains repères anatomiques. La seconde mesure l’activité musculaire. En corrélant ces deux informations, l’on peut détecter une mauvaise posture ou bien vérifier que la posture de référence est bien appliquée. Dans le cas contraire, le dispositif vous rappelle à l’ordre par une vibration . Pour ce faire, le patient doit au préalable définir quelle posture lui correspond le mieux au travail avec un professionnel de la santé (kinésithérapeute, médecin traitant, médecin du travail). Ensuite, le dispositif mémorise la posture prédéfinie. En portant ce dispositif sur soi, c’est comme si l’on était toujours accompagné par un professionnel de santé personnel. De plus, le dispositif est capable de détecter la fatigue musculaire pour inviter le patient à des repos stratégiques. Le système d’alerte se construit donc sur des mesures définies lors de la calibration encadrée par un professionnel de santé. En outre, le vêtement agit comme une  »seconde peau » que l’on porte au quotidien, plusieurs heures par jour, selon la posologie définie par le professionnel de la santé.
Vous semblez considérer que le rôle du professionnel de la santé est une condition sine qua none dans le fonctionnement de votre dispositif ?
En effet, nous souhaitons devenir le premier dispositif médical connecté qui nécessite le diagnostic préalable d’un professionnel de la santé afin d’être correctement calibré.  Il faut savoir que les dispositifs actuels s’adressent directement au grand public. Or il n’existe pas de bonne posture idéale, chacune devant être adaptée à la morphologie de chaque patient, et à ses pathologies initiales. Par exemple, dans le cas d’une personne souffrant d’inflammation articulaire, le fait de se tenir droit pendant de longue périodes ne ferait qu’envenimer les choses. Dans ce cas, les capteurs de positions qui vérifient que la posture est adéquate ne suffisent pas. Nous avons donc développé une technologie de surveillance musculaire, afin de vérifier que la personne n’est pas en train d’effectuer un sur-effort compensatoire.
A quel stade en est votre projet ?
Actuellement, notre startup, Akiros, est incubée à Tourcoing dans le Centre européen des techniques innovantes. De plus, nous sommes accélérés par le centre d’innovation de l’UTC de Compiègne. Aujourd’hui, le dispositif n’a pas encore adopté sa forme finale mais nous serons tout de même en mesure de présenter un prototype fonctionnel de démonstration à la fin du mois. Notamment à destination de notre investisseur, la Satt Lutech, une Société d’accélération du transfert de technologies. Disons que le style du vêtement n’est pas finalisé mais que nous pourrons prouver que le dispositif fonctionne bien. En parallèle, nous appliquons la méthode de Lean Startup qui repose sur la validation des concepts par un groupe d’utilisateurs conseil. Sur notre site,  www.akiros.fr les internautes peuvent s’inscrire à notre phase Alpha en tant que patients ou professionnels de la santé. Ensuite, ils reçoivent des sondages à remplir afin de nous aider à orienter certaines fonctionnalités. Par exemple, ils peuvent nous dire quelle composition de fibres ils jugent la plus confortable…
Quelle relation entretenez-vous avec le milieu médical et scientifique ?
Pour la partie technique, nous travaillons en partenariat avec le Laboratoire de biomécanique et bio-ingénierie du CNRS et avec des prestataires. Ensuite, l’Institut de thérapie manuelle de Paris nous aide à recruter des utilisateurs conseil auprès des kinésithérapeutes, ergonomes et ostéopathes. De plus, nous souhaitons contribuer auprès de la communauté médicale et scientifique à une meilleure compréhension du mal de dos en mettant à disposition des chercheurs du laboratoire Biomécanique et Bioingénierie nos données une fois rendues anonymisées.

Propos recueillis par Ségolène Kahn

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