Avez-vous confiance en votre hiérarchie ? Le travail, c’est la santé ? Au travail, il m’arrive de m’ennuyer. J’ai déjà éprouvé l’envie d’être physiquement violent envers mon supérieur ? Quand j’y pense, mon travail profite d’abord ou surtout à.. ? Avez-vous un emploi physiquement pénible ? Pensez-vous que votre travail est rémunéré à la hauteur de vos efforts ? Travaillez-vous de nuit ? Avez-vous déjà subi ou exercé du harcèlement ? Avez-vous déjà pleuré au travail ? A qui profite le mieux votre travail ? Santé, sécurité, relation entre collègues ou à la hiérarchie, aspirations professionnelles… Avec 172 questions bien de son cru, la Confédération française démocratique du travail (CFDT) a lancé, depuis de 20 septembre dernier, l’ambitieuse « Enquête interactive, Parlons au travail » avec le journal Libération et le réseau social professionnel français Viadeo.
Recentrer le débat
Conçu à l’aide de deux start-ups et enrichi de nombreuses vidéos de témoignage, le questionnaire restera en ligne jusqu’au 31 décembre prochain. Ensuite, les réponses seront traitées en janvier par Marie-Anne Dujairier et Serge Volkoff, deux chercheurs experts en sociologie et associés à l’enquête. Communiqué entre février et mars, le résultat de l’enquête tombera à point nommé durant la période des élections présidentielles dans le but « d’interpeller les candidats » sur cette problématique. En effet, selon Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, le débat actuel est largement tourné vers l’identité et la sécurité. De cette manière, la confédération syndicale compte « remettre la question du travail au cœur du débat public » qui, « en période électorale, est souvent instrumentalisée ou maltraitée. »
Une enquête pour toucher le plus de monde possible
Avec ses questions concrètes, au ton parfois familier, voire bourru, le syndicat pose très vite le décor. Le but étant de devenir « la plus grande enquête jamais réalisée sur le travail », la CFDT espère obtenir plusieurs dizaines de milliers de répondants, voire 100.000, selon Laurent Berger. Gageons qu’elle y parviendra largement car pour l’heure, le site enregistre déjà plus de 80.000 réponses. D’ores et déjà, la CFDT incite bien sûr ses militants à mener des « enquêtes flash » sur la vie quotidienne des travailleurs, afin de laisser s’exprimer « tous ceux qui ont un avis sur le travail », c’est-à-dire les salariés, les indépendants ou fonctionnaires au chômage ou en emploi, les adhérents et non-adhérents de la CFDT. Voire même d’en rallier à sa cause. Pour le secrétaire général du syndicat, il s’agit avant tout d’une enquête qui va « relayer la parole des salariés, le vécu quotidien au travail, les ras-le-bol, les fiertés, les attentes », tout en admettant ceci : « Après, si cela permet d’attirer l’intérêt des travailleurs sur la CFDT, on ne va pas s’en priver. » Et pour cause, avec la somme rondelette de 240.000 euros consacrée à cette enquête, le syndicat compte bien nourrir ses revendications avant d’interpeller les candidats aux présidentielles.
D’autant que la CFDT devra défendre son carré lors des prochaines élections dans les TPE (entreprises de moins de 11 salariés) qui se dérouleront du 28 novembre au 12 décembre. Des résultats qui ont pour enjeu la place de premier syndicat du secteur privé en France. Laquelle sera accordée en 2017 par le ministère du Travail en fonction des scores aux élections professionnelles. Une occasion pour la CFDT de tenter de trôner son éternelle rivale, la CGT.
Ségolène Kahn
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