Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

Un programme internet pour aider les entreprises à lutter contre les TMS

La branche Accidents du travail et maladies professionnelles (ATMP) de la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (Cnam-TS) prend cette problématique à bras-le-corps. Avec son nouveau site Web, TMS Pros, elle met en place des mesures de prévention supplémentaires auprès des entreprises. S'inscrivant dans une démarche nationale, ce programme s'adresse déjà à plus de 8.000 entreprises.

La sinistralité des troubles musculosquelettiques (TMS), touchant tous les secteurs d’activité et toutes les régions, a donné naissance à une réelle prise de conscience de la part des régimes prioritaires. Notamment en ce qui concerne la branche Accidents du travail et maladies professionnelles (ATMP) de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnam-TS). Laquelle a mobilisé depuis 2013 les Caisses régionales (Carsat, Cramif, CGSS) afin de fédérer leurs outils de prévention de ce risque. Ce qui a donné naissance au programme TMS Pros qui repose sur un site internet. Lequel vise d’une part à faire naître une prise de conscience auprès des entreprises et, d’autre part, à les aider à remédier à ce problème en prenant les mesures préventives adéquates. D’après l’Assurance maladie, sur près de 8.000 entreprises ciblées, plus de 6.500 seraient déjà inscrites sur le site.
« Depuis 2014, les Caisses régionales mobilisent les chefs d’entreprise pour s’engager dans TMS Pros. En effet, sans volonté des directions, on ne peut pas aller bien loin. Cela passe par l’acquisition de la conviction du bien-fondé de cette démarche de prévention : la défense des intérêts croisés de l’entreprise et des salariés y trouve un sens particulier », martèleThierry Fassenot, ingénieur-conseil à la direction des risques professionnels (DRP) de la Cnam-TS. D’autant que les chiffres de la sinistralité des TMS publiés par la Cnam-TS ont de quoi faire blêmir.
 De 2.766 TMS reconnus en tant que maladies professionnelles en 1992, nous sommes passés à 46.537 en 2012, soit une multiplication par 16 ! Ce qui fait figurer les TMS au rang de la première cause de maladie professionnelle en France. D’autant que ces troubles concernent tous les secteurs d’activité allant de l’agroalimentaire à la métallurgie, la construction automobile ou encore au BTP. Sans oublier bien sûr, toutes les activités bureautiques ou de service à la personne.
Et c’est sans compter les graves répercussions économiques : « Pour l’Assurance maladie, le coût moyen d’un TMS, en comptant les soins et l’indemnisation, est supérieur à 22.000 euros. Et les conséquences pour les entreprises ne sont pas négligeables puisque, en 2012, les TMS ont ainsi entraîné la perte de plus de 10 millions de journées de travail et 1 milliard d’euros de frais couverts par les cotisations », détaille l’ingénieur. Reste que ces conséquences désastreuses pourraient tout à fait être évitées si les entreprises prenaient mieux en considération les conditions de travail de leurs salariés en identifiant les activités à risques et en les améliorant.
D’où l’idée du programme TMS Pros. « Concrètement, TMS Pros comprend quatre étapes, décrit Anne Génot, chargée d’études à la Direction des risques professionnels (DRP). La première, « En quoi suis-je concerné ? » doit permettre à l’entreprise de reconnaître l’intérêt d’une démarche de prévention interne des TMS. Dans la deuxième, « Par quoi commencer ? », l’entreprise définit les actions prioritaires, les secteurs ou postes où mener ces actions. » A cet égard, des outils fléchés ont été développés afin d’accompagner l’entreprise dans sa démarche. L’idée étant non pas d’éradiquer la problématique des TMS mais plutôt de se fixer des objectifs raisonnables tels que la réduction du taux d’absentéisme dû aux TMS.
Ensuite, la troisième étape, « Comment agir ? » est chargée d’aider l’entreprise à établir le diagnostic des conditions de travail de ses employés. De quoi préparer le terrain avant de mettre en place le plan d’action. Lequel consiste à élaborer des solutions organisationnelles et techniques comme se munir d’outils plus ergonomiques ou bien de machines dédiées à la manutention de charges lourdes. Pour les salariés, cela peut consister à apprendre les bons gestes et les bonnes pratiques tels que se dégourdir régulièrement les jambes, s’étirer plus souvent le dos ou encore ne pas oublier de plier les jambes tout en maintenant le dos droit lorsqu’il s’agit de soulever une charge lourde. « Soulignons que, pour les étapes 2 et 3, des aides financières peuvent être obtenues auprès des Caisses régionales », précise Anne Génot. Enfin la dernière étape, concernant les résultats, vise à évaluer et faire un suivi des actions engagées. « À noter que l’information des salariés, tout au long de la démarche, par des réunions et divers moyens d’affichage des quiz, etc., est indispensable pour une participation du plus grand nombre. »
Que l’on se rassure, cette tâche n’incombe pas obligatoirement au dirigeant ou à son représentant en charge du pilotage de projet. Lesquels peuvent tout à fait nommer une personne référente chargée de l’animation et de la conduite du programme. Ce qui évite ainsi de rendre au chef d’entreprise cette tâche trop contraignante et chronophage. Ensuite, « il s’agira soit de former des personnels soit de faire appel à des intervenants extérieurs, même s’il est préférable que l’entreprise progresse en autonomie sur les sujets de prévention », détaille Anne Génot. A cet égard, « l’Assurance maladie – risques professionnels a mis en place un système de démultiplication des formations, basée sur une habilitation des organismes et une certification des formateurs par l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS). En février 2016, trente-et-un formateurs – dont deux formateurs de formateurs – étaient certifiés et 24 organismes étaient habilités sur l’ensemble du territoire », rappelle Thierry Fassenot. Il faut savoir que ce programme a été préparé en bonne et due forme avec le concours d’experts en TMS et de chercheurs de l’INRS.
« Les personnes chargées de l’animation et des actions à mener en interne sont accompagnées par un formateur ou un intervenant externe dans un premier temps et doivent réaliser un travail d’inter-sessions au cours de leur formation, proposant des pistes de prévention sur le ou les postes de travail retenus et étudiés », détaille Thierry Fassenot. Notons qu’un aménagement particulier a été mis en place spécialement pour les TPE : la formation est plus courte, on passe ainsi de six jours à trois jours.

Ségolène Kahn

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