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Risques industriels et environnementaux

Paroles d'experts: Le calfeutrement ne s'improvise pas

Le calfeutrement de pénétration n'est plus négligé...

Longtemps négligé faute d’informations, de solutions ou de budgets et après bon nombre d’incendies tragiques, on constate, depuis quelques années, une prise de conscience de l’importance que revêt le rebouchage coupe-feu des trémies. Même si il n’y a pas toujours de lot spécifique coupe-feu, l’obligation de rebouchage figure clairement dans pratiquement tous les descriptifs de chantiers. Malgré tout, il est très difficile d’évaluer de manière précise le marché, une estimation de 15 000 000 €en fourniture et pose est timidement avancée.

On ne s’improvise pas applicateur

Cette prise de conscience de la nécessité de reboucher les trémies s’illustre par l’apparition de nouveaux applicateurs, précise Sébastien Priolet de la société Hilti. En effet, on ne s’improvise pas spécialiste du calfeutrement coupe-feu par simple nécessité. Une information de base sur le feu, son comportement et ses effets, ainsi qu’une formation sur le choix des produits et systèmes à mettre en oeuvre selon les configurations rencontrées sont nécessaires. La seule lecture d’une documentation ou d’une fiche technique ne suffit pas pour faire le bon choix et réaliser la bonne application.
De plus, l’évolution des produits, de plus en plus faciles à mettre en oeuvre dans des configurations simples, incite les applicateurs occasionnels à mettre parfois en place des produits non conformes aux spécifications préconisées par les fabricants. Ainsi, faute d’informations, beaucoup trop d’applications passent encore au travers de la vigilance des commissions de sécurité, déplore Sébastien Priolet, sans compter les dérogations qui sont consenties malgré des descriptifs et des cahiers des charges bien définis. Pour Laurent Ruiz, gérant de la société MVI et applicateur spécialisé, ce sont les entreprises générales d’électricité qui récupèrent dans leurs lots les calfeutrements coupe-feu, et leur manque de connaissance, liée à leur tendance à vouloir tirer les prix vers le bas, incite certains maîtres d’oeuvre à accepter des installations de qualité médiocre exemptes de toute identification. Ce phénomène, ajoute Laurent Ruiz, contribue à vulgariser l’acte de rebouchage.
Il est à noter que plusieurs applicateurs associent, depuis quelques années, à leurs prestations un contrat prévoyant un relevé détaillé de l’état des traversées et des visites programmées régulières ou après travaux.

Pour le respect des règles : bureaux de contrôle, groupement et assureurs

Le rôle des bureaux de contrôle est également important. Pour Socotec, les principales difficultés rencontrées ne sont pas principalement liées aux constructions neuves, notamment dans les ERP, où les commissions de sécurité sont en mesure d’apprécier le respect de la réglementation, mais plutôt aux transformations et aux interventions sur les installations par des entreprises qui ne sont pas obligatoirement formées où informées. De son côté, le GTFI (Groupement technique français contre l’incendie) estime que les calfeutrements de pénétration ne peuvent être réalisés par n’importe qui, et a rédigé des règles professionnels à cet effet. D’autre part, ce même organisme insiste sur le respect des procèsverbaux et l’apposition d’une étiquette sur la trémie rebouchée mentionnant sa qualité coupe-feu et les coordonnées de l’entreprise ayant réalisé l’obturation.
Quant aux assurances et en ce qui concerne la rénovation et les mises en conformité, Brendan MacGrath de FM Global prend en considération tous les facteurs de risques avant de se prononcer, par exemple, le type de construction du bâtiment, l’usage du local concerné, son équipement éventuel en matière de protection active et l’importance de la trémie. Dans tous les cas, les obturations réalisées à l’aide de mousse polyuréthane présentée en bombe aérosol sont condamnées à être refaites. Pour FM Global, le non-respect des consignes n’a jamais été la cause d’une rupture de contrat ou d’une augmentation des primes d’assurance. D’ailleurs, les responsables des sites assurés sont pleinement conscients des risques encourus et prennent les dispositions qui leur sont demandées.

En savoir plus

Cet article est extrait du Magazine APS 151 – numéro de Mai 2006.
Pour plus d’information sur nos publications, contactez Juliette Bonk .

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