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Sûreté et sécurité

Olivier Duran (SNES) : « Une fois le SNES et l’USP dissous, aucun des deux présidents ne pourra diriger le nouvel ensemble »

Interview du directeur de la communication du Syndicat National des Entreprises de Sécurité privée (SNES) qui finalise actuellement sa fusion avec l’Union des entreprises de Sécurité Privée (USP).

Les adhérents de l’USP et du SNES ont voté le rapprochement des deux organisations, jeudi 9 mai 2019. Qu’en ressort-il ?
Dans la sécurité humaine, il y a le Syndicat National des Entreprises de Sécurité privée (SNES), qui est historique (1992), et l’Union des entreprises de Sécurité Privée (USP), créée en 2003 à l’issue d’une scission du SNES. Le SNES et l’USP s’investissent majoritairement sur la sécurité humaine, rassemblant respectivement 170 000 salariés et 5 000 entreprises (hors télésurveillance). Depuis 2003, il y a eu diverses tentatives de rapprochement entre l’USP et le SNES. La fusion sera effective le 5 juin prochain. Les pourparlers se sont intensifiés depuis un an et cela a marché ! C’est un chantier majeur aux yeux du ministère de l’Intérieur.

Pour quelles raisons ?
Le SNES et l’USP sont des syndicats reconnus comme tel par la loi sociale et réglementaire ainsi que par le Conseil National des Activités Privées de Sécurité (CNAPS). Le 5 juin, il y aura bien dissolution du SNES et de l’USP, actée par les assemblées générales du 9 mai et donc la constitution de la nouvelle entité. La nouvelle organisation professionnelle unique des entreprises de sécurité privée représentera 83% des effectifs du secteur. Et ce qui semblait impossible il y a quelques mois encore a été rendu possible par le fait que le traité de rapprochement a prévu qu’aucun des deux présidents actuels ne pourra se présenter pour diriger le nouvel ensemble. Même si cela a conduit très clairement Claude Tarlet (l’actuel président de l’USP) a tout miser sur la Fédération Française de la Sécurité Privée, qui n’est pas un syndicat patronal mais une association d’influence à laquelle le SNES n’a pas adhéré.

La nouvelle identité va-t-elle se focaliser sur un projet industriel centré sur la sécurité humaine ?
Comme Pascal Pech [président du SNES, NDLR] ne cesse de le répéter depuis son élection, la sécurité privée n’est pas qu’humaine. Elle intègre également les technologies, la robotique et l’intelligence artificielle (IA). Résultat, la segmentation des syndicats patronaux ne répond plus forcément aux enjeux et à la demande des clients. D’ailleurs, la nouvelle organisation SNES + USP prévoit explicitement dans ses statuts l’adhésion des entreprises exerçant toutes les activités de la sécurité privée au sens de la convention collective et du livre VI du Code de la sécurité intérieure. Aujourd’hui, la performance en sécurité doit être globale, c’est-à-dire à la fois humaine et technologique. Voilà pourquoi, face à ces nouveaux enjeux globalisés, il fallait se doter d’un grand syndicat intégrant notamment les 10 premiers acteurs français (Securitas, Fiducial, Samsic, Prosegur, Seris, etc.). Il s’agit de disposer de moyens puissants.

Dans quel but ?
Revoir la définition des métiers repères en fonction des nouvelles compétences : agents de sécurité armés, conducteurs de drones… L’organisation de la nouvelle entité sera mieux à même de répondre aux nouvelles attentes des clients et d’être un partenaire de poids pour les pouvoirs publics. Lorsque ceux-ci se donneront enfin les moyens de développer le continuum de sécurité et cesseront de considérer la sécurité privée comme une variable d’ajustement, la nouvelle organisation, plus puissante, saura apporter plus que sa pierre à l’édifice. Comme le SNES et l’USP en ont déjà fait la démonstration éloquente.

Votre président parle d’un « modèle économique beaucoup plus vertueux. » De quoi s’agit-il ?
Dans la vocation d’un syndicat patronal, il y a la dimension sociale (conventions collectives, salaires, classement des métiers, etc.) et la dimension économique (prix du marché, relation client, valorisation des prestations au juste prix, etc.) A cet égard, il s’agit de sortir d’un modèle économique de « prix » pour aller vers un modèle économique d’offres à « valeur ajoutée ». Cela fait partie d’un projet de réforme avec la Délégation aux coopérations de sécurité, qui se traduira par trois chantiers. Tout d’abord la garantie financière des entreprises de sécurité, à l’instar de ce qu’il se pratique dans le travail temporaire ou les sociétés immobilières pour assainir le secteur. Par ailleurs, l’enjeu est d’interdire la sous-traitance en cascade qui favorise les prix les plus bas au détriment de la qualité : on n’autoriserait alors que la sous-traitance de second niveau. Enfin, il y a la relation avec les pouvoirs publics : comme nous sommes une profession réglementée, nous avons un rapport régulier avec le CNAPS, qui assure la régulation éthique et déontologique du secteur (salariés, entreprises, carte professionnelle, etc.) ainsi que la coordination des forces de sécurité publique et privée. Le fameux continuum avec notre partenaire représentant directement le ministre de l’Intérieur : la Délégation aux coopérations de sécurité (DCS).

Propos recueillis par Erick Haehnsen

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