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Journée internationale des droits des femmes : comment font celles qui réussissent ?

A l’occasion de la 42e Journée internationale des droits des femmes, focus sur celles qui transforment le management du XXIe siècle à grand renfort de qualités humaines (écoute, solidarité, agilité). Des qualités que partagent de plus en plus d’hommes dans un environnement où la mixité crée la valeur.

A les entendre, les femmes qui ont « réussi » dans l’entreprise ou en politique n’ont pas rencontré de problèmes particuliers. Elles avaient les compétences et ça a marché. Tout au plus, elles ont eu de la chance. Le harcèlement sexuel, les bâtons dans les roues, les humiliations, le salaire toujours inférieur à celui des collègues masculins… Ces femmes de succès auraient-elles été épargnées ?

L’élégance de la modestie
« J’ai une grande fierté à faire dans l’ombre des choses qui servent à la société », témoigne Emmanuelle Perron, VP de NGE, un groupe de travaux publics de 11 000 collaborateurs (dont 50% sont actionnaires). « Notre entreprise familiale a toujours été au centre de notre vie. Parler de ses objectifs et de son quotidien, c’était parler de ceux de la famille », confie Elizabeth Ducottet, PDG de Thuasne, une ETI de 2 200 salariés. A 40 ans, elle partage son temps entre son métier d’orthophoniste et l’entreprise familiale. Quatre ans plus tard, son père fait un AVC. Elle est nommée présidente et poursuit en alternance un Executive MBA à HEC. « Mon mari et mes trois enfants ont eu la générosité de me laisser « inatteignable » pendant 18 mois ! » Rares sont les hommes qui tiennent un tel propos. La suite ? En dix ans, elle multiplie par 2,5 le chiffre d’affaires du groupe, étend sa présence à 60 pays, représente les ETI au Conseil National de l’Industrie (CNI) et siège au conseil général de la Banque de France.
« J’ai eu mes enfants très jeune. Je sortais de l’école, témoigne Sophie Fonlupt, qui a passé une grande partie de sa carrière chez Colgate, où elle a démarré au marketing international pour passer à la direction d’un centre d’innovation et finir à la direction générale. « Cela a été simple. Lorsque ma carrière a accéléré, mes enfants étaient déjà grands. » Il est vrai que, dans les groupes internationaux qui vendent des produits grand public, le top management a saisi l’opportunité de confier à des femmes les postes à responsabilité car, forcément, elles sont plus en prise avec la réalité du quotidien. Elles sont donc plus proches des clientes.

Des qualités perçues comme féminines
Sensibilité, créativité, bienveillance, intuition, émotivité, rigueur… ces qualités perçues comme féminines sont au cœur de clichés qui ont la vie dure, en particulier dans le travail. Mais alors, les femmes peuvent-elles s’appuyer dessus pour réussir dans la carrière qu’elles ont choisie ? Les avis sont partagés. « Ces qualités réputées féminines se retrouvent aussi bien chez les femmes que chez les hommes », lance Michèle Sabban, présidente Europe du R20, le réseau mondial des plus grandes régions pour la transition écologique, et présidente du fonds R20 pour les femmes. « Les qualités féminines ne sont pas définies en management, estime Elizabeth Ducottet. La diversité des femmes est aussi intéressante que celle des hommes. Ni plus ni moins. » De son côté, Sylvie Perrin, associée au cabinet d’avocats De Gaulle Fleurance & Associés, défend davantage les valeurs des femmes : « Elles ont une meilleure écoute et se mettent moins en avant que les hommes, notamment dans le milieu des avocats où l’ego est très fort. Elles sont beaucoup plus collaboratives, elles partagent les informations, travaillent un peu gratuitement pour le collectif. »

Seule compte la performance
Pour sa part, Sophie Fonlupt plaide pour trois qualités féminines : « Le courage, une grande exigence qu’elles s’appliquent d’abord à elles-mêmes avec une forte implication et un grand pragmatisme. Et, enfin, une intelligence des situations et des autres. Cela crée les bonnes équipes. » Le courage ? Une qualité qui peut démarrer très tôt. Comme l’illustre brillamment Greta Thunberg, la lycéenne suédoise de 16 ans qui incarne l’exigence mondiale des jeunes en faveur du climat devant les dirigeants de la planète à la COP 24 en Pologne. « Dans le management du XXIe siècle, l’agilité sera la qualité la plus demandée. Celle-ci se base sur le collaboratif et c’est avec l’addition des expériences que l’on génère de la valeur, reprend Sophie Fonlupt. Il faut donc savoir écouter puis décider vite et s’y tenir dans le temps. Une seule chose compte : la performance. » La Journée internationale des droits des femmes disparaîtra lorsqu’il sera naturel de voir autant de femmes que d’hommes à tous les échelons de l’entreprise et de la société.

Erick Haehnsen

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