Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

C. Pinet (Cabinet CPI Conseil) : « la  version 2015  d'ISO 9001 et 14001 prend mieux en compte les risques »

Interview de Claude Pinet, fondateur et dirigeant du cabinet CPI Conseil, spécialisé dans l'élaboration de systèmes de management globaux. Cet ingénieur conseil et responsable d’audit certifié International Register of Certificated Auditors (IRCA.) est l'auteur du livre ''Dix clés pour réussir sa certification Q S E'' - qu'il vient de revisiter -pour prendre en compte les récentes évolutions des normes internationales ISO 9001 (qualité) et ISO 14001 (environnement).

En quoi la certification QSE (Qualité, sécurité, environnement) peut-elle aider les organisations à réduire leur gestion des risques environnementaux ? 

Toutes les activités humaines sont par essence facteur de risque. Dans une entreprise, il existe une multitude de vulnérabilités dont les impacts peuvent conduire jusqu’à sa disparition en cas d’accident grave. Comme en témoigne l’ex-usine d’AZF à Toulouse [l’explosion du stock de produits chimiques il y a 11 ans a fait 31 morts et 2.500 blessés, NDLR]. La certification QSE (Qualité, sécurité, environnement) version 2015 amène les entreprises à mieux identifier et gérer les risques liés à leur activité, à prévoir leurs conséquences sur les parties intéressées, qu’il s’agisse des clients, fournisseurs, autorités administratives ou des populations riveraines. Elle vise aussi à mettre en œuvre des mesures de prévention en vue d’en réduire, voire de faire disparaître, les effets indésirables.

Quelles nouveautés apportent les nouvelles versions ISO 9001 et ISO 14001 ? 

Jusqu’ici, ces normes de qualité (ISO 9001) et d’environnement (ISO 14001) étaient élaborées par des comités techniques différents qui n’avaient pas forcément les mêmes exigences. Une des premières améliorations a été d’organiser tous les systèmes de management de ces normes selon une structure commune de 10 articles. Cette nouvelle structure permet de simplifier et d’accélérer l’intégration des exigences de plusieurs normes au sein d’un même système de management. Par ailleurs, de nouvelles exigences communes sont introduites en termes de description du contexte de l’organisme avec la prise en compte des enjeux globaux internes et externes. La notion de risques qui était absente dans la version précédente d’ISO 9001 et peu présente dans ISO 14001 fait maintenant l’objet d’exigences clairement identifiées. La notion d’opportunités vient remplacer les actions préventives qui vont se retrouver gérées dans le plan de traitement des risques. L’identification des risques, l’analyse de leurs conséquences (impact et fréquence d’apparition pour en déterminer la gravité) et des parades étaient assez peu prononcées. Désormais, le système de management QSE doit prendre en compte cette gestion des risques tout au long du cycle de vie des produits et services. Et ce, depuis leur conception jusqu’à leur disparition. Cette maîtrise doit porter sur toutes les catégories d’actifs matériels et immatériels nécessaires à l’activité de l’organisme. La pollution des sols, de l’air et de l’eau n’est qu’un aspect des risques environnementaux. A ceux-là, s’ajoutent les risques économiques et financiers, et ceux liés au changement de législation ou à l’arrivée d’un nouvel acteur, etc.

Qu’en est il d‘OHSAS 18001, la norme relative au management de la santé et de la sécurité au travail ? 

Sa mise à jour est prévue d’ici deux ans.

En quoi consiste votre méthode 7 Steps (7S) ?

La méthode que j’ai développée et éprouvée depuis une vingtaine d’années permet aux entreprises et aux collectivités de préparer et réussir leur certification QSE en 7 étapes. De l’initialisation du projet jusqu’au suivi du certificat en passant par la planification, la conception du système de management et sa mise en place, sans oublier l’audit à blanc ni l’étape de certification elle-même. Elle s’adresse à tout chef de projet chargé du système de management QSE. Ma démarche méthodologique va les aider soit à mettre en place des améliorations et à conduire le changement, sans nécessairement viser la certification. Soit à obtenir le certificat à plus ou moins brève échéance. Sachant que, pour une entreprise bien organisée et bien structurée, la démarche peut prendre entre 18 et 24 mois.

En s’appuyant sur votre seul ouvrage, une entreprise peut-elle mener seule sa certification QSE ?

Il est toujours possible de se débrouiller seul, c’est une question de temps donc de coût. Lorsque j’interviens comme responsable d’audit de certification, je trouve des entreprises qui ont mené seules cette démarche, d’autres se sont inspirées d’entreprises  »amies » et d’autres ont pris un consultant. Quel que soit le scénario, on peut toujours arriver au but, avec plus ou moins de difficultés. Ce qui fait la différence, c’est le budget qu’on doit investir. Lorsqu’on fait appel à un  »tuteur », le projet progresse plus vite car on peut éviter des nombreux pièges et de commettre des erreurs. Comme sous-estimer la charge, le délai et le coût requis. Or un projet qui dérape présente souvent le risque de démotiver les participants et même tous les collaborateurs concernés.

Quel est le retour sur investissement d’une telle démarche ? 

C’est difficile à chiffrer mais, dans tout projet d’amélioration, il y a des gains tangibles (chiffrables) et des gains intangibles. Par exemple l’entreprise pourra réduire ses consommations énergétiques et ses déchets. Elle pourra limiter le risque de retour de produit ou de réclamation de ses clients. Elle pourra limiter l’apparition d’accidents qui peuvent entraîner des procédures judiciaires. Les plans d’actions de progrès mis en œuvre pourront conduire à améliorer son image de marque et à la satisfaction des parties prenantes (clients, partenaires, utilisateurs et personnels…). Au niveau de la santé et de la sécurité au travail on pourra constater une amélioration du bien-être des collaborateurs, une réduction des arrêts maladie, des accidents du travail ainsi que du turnover.

Propos recueillis par Eliane Kan

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